Un taulard s'évade. D'oppressé, il prospère, devient un puissant industriel et oppresseur à son tour. Son camarade libéré, un doux marginal, rentre dans ce système pour une femme. Les deux ex-détenus se retrouvent...
Film entre muet et parlant, mais gardant la structure et le montage du premier, A nous la liberté fustige avec un joyeux cynisme l'oppression sociale, avant le Front Populaire, avant Mai 68. La prison et l'usine, c'est la même chose, les garde-chiourmes imbus de leur petit pouvoir sont partout et l'humour slapstick n'est que l'expression de cette violence : les petites bagarres sont innombrables.
René Clair y a déjà un style très américain, il a vu les films de Chaplin et Chaplin verra le sien : la séquence de la chaîne de montage sera reprise telle quelle dans les Temps Modernes, en plus percutant et plus au coeur du propos. Clair s'affirme aussi un beau manieur d'images plein d'idées ingénieuses.
Malheureusement la fin du film dilue quelque peu la force du propos et se perd dans d'interminables scènes de course-poursuites caricaturales du cinéma muet. La conclusion qui se veut optimiste n'échappe pas à une certaine ambiguïté : le système peut-il se mettre au service de la masse et non l'inverse ?