Quand j'ai commencé à regarder "A nous la victoire", c'était pour l'objet insolite, pour le casting improbable, pensant, par exemple, que Stallone savait merveilleusement bien se confondre avec l'écriture des personnages qu'il incarne.
Très vite, deux références me viennent en tête : "Joyeux Noël" où l'on fraternise dans le Nord à l'aide d'un ballon entre poilus et fritz mais autrement plus précieuse, je repense à la réflexion sur les camps de prisonnier amenée par "La Grande Illusion". Rappelez-vous pour ceux qui l'ont vu, le capitaine Boëldieu confie à son compagnon de guerre que le sort logique du prisonnier n'est pas de rester enfermé mais bien de s'évader.

Ainsi la conquête d'acquis contrarie la conquête de la liberté. Mais alors, où se situe-t-on avec "A nous la Victoire" ? Le film nous montre ces deux pans presque philosophiques, dans un rendu formel que l'on peut qualifier de mainstream. Ces deux discours avec des perspectives résolument antagoniques et dont la réussite ou l'échec de l'une ou l'autre met en péril l'ensemble de la communauté.

Ainsi le match de football entre dominant et dominé ne peut être que déterminé à l'avance mais il s'agit surtout d'une allégorie de la guerre, certes, mais je pense à une allégorie sociale sur les moyens mis en oeuvre pour faire valoir sa liberté : liberté dedans ou liberté dehors ? - quand l'un paraît pragmatique et illusoire, l'autre paraît fou mais autrement plus juste ! Compromis ou rupture ? Telle est la question traduite au travers de l'affiche significative : il n'y a qu'une place, c'est un match, c'est une course... Tandis que la domination allemande définit les règles.

Une quasi-expérience en somme dans une ambiance bon enfant mais qui, passée la demi-heure, choisit une orientation utopique qui laisse perplexe devant cette équipe à la fois "révolutionnaire" et "petite-bourgeoise". Pour moi, "A nous la victoire" symbolise davantage "Le chant du départ" que la "Marseillaise" ; il y a une réelle différence. Quant à la caméra de Huston, elle peine à trouver des angles d'attaque pour signifier un propos, notamment lors du match de football.
Andy-Capet
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le 23 janv. 2013

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