Un film de guerre de sport ! Si j’avais su que ce mélange de genres pouvait exister et réunir Stallone, Caine et Pelé, je me serais sûrement dit qu’il fallût que je regardasse La Grande Évasion de nouveau. Il y en a des airs dans cet opus de Huston au climax modeste, et qui nous laisse dans le léger doute – irrésolu – de confier sa satisfaction ou à la balle tirée du pied ou à celles tirées du fusil.


Quoique, à y bien penser, c’est un film pacifique, abondamment barbouillé de la croix nazie certes, mais qui ne cherche pas à diaboliser les individus, ni à distiller des mauvais perdants chez les Allemands (on entend enfin Von Sydow parler leur magnifique idiome !). Cela ne veut pas dire non plus que la propagande est remisée, mais elle devient médiatique et non plus belliqueuse, puisqu’elle se découvre dans l’ironie amère d’applaudissements en boîte chez le commentateur radio britannique.


Il n’y a malheureusement pas de réelle montée en pression, et les affiliations essentielles ne sont pas à chercher du côté des personnages : les lieux ont plus de valeur, et les rapports qu’ils entretiennent avec le casting sont ceux auxquels on doit s’attacher, même si les paraboles rendent ça peu clair – elles sont largement utilisées pour pallier les sauts un peu périlleux d’espace et de temps.


Il manque en fait l’indispensable : une conclusion cathartique à l’esprit sportif, et une tension continue dans l’atmosphère de guerre. L’émergence du fair play dans une unfair war est une trouvaille qui vaut le détour, tout comme les interprètes et la reconstitution d’un match par dix-huit footballeurs professionnels, mais ses deux thèmes principaux ne sont pas vraiment exploités.


Quantième Art

EowynCwper
5
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le 28 févr. 2019

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Eowyn Cwper

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