Erika Bell ne demandait rien à personne quand elle a croisé ces sales types qui l'ont agressé avec son compagnon alors qu'ils promenaient leur chien. Evènement traumatique qui a bouleversé sa vie et reconditionné son regard sur les agressions de toutes sortes dans la vie. Le parcours de cette animatrice de radio est intéressant puisqu'elle s'analyse au jour le jour face à son changement de personnalité. Devenue une sorte de justicière qui condamne des voleurs,des braqueurs ou des maquereaux de son arme à feu, elle a conscience de dériver et devra son salut grâce à un flic lucide.
A vif fait passer par toutes les couleurs car son anti-héroïne doit "frapper" pour se sentir venger de son agression arbitraire. Ce film soulève aussi la question du port d'arme, de son usage abusif mais aussi de la frontière étroite entre la nécessité de se défendre et le dérapage incontrôlé volontaire. Jodie Foster incarne cette dernière dualité à merveille avec son personnage bafoué, réactif puis tempéré et lucide. Et le réalisateur Neil Jordan a commis un film dérangeant où le spectateur arrive à se demander : qu'aurais je fait à la place d'Erika? La soif de justice permet-elle tout?
Ce qui permet de mieux relativiser et de respirer, c'est la relation entre la jeune femme et le flic, sorte de bouée de sauvetage salutaire sur l'ensemble. L'engrenage d'une victime de la violence qui s'en sort est aussi sa grande leçon même si son chemin est plus que tortueux.