Si Pablo Berger a du style, le cinéaste fait bien attention à ce que ce ne soit jamais le même, tournant chaque film en réaction au précédent. Ainsi, Abracadabra ne ressemble en rien, au moins sur la forme, à Blancanieves. Ce dernier était en noir et blanc, muet, d'époque et mélodramatique, le petit nouveau se distingue par la flamboyance de ses couleurs dans une comédie qui flirte avec un mauvais goût certain. Cependant, Berger avoue qu'il a toujours mis dans ses films trois ingrédients de base : l'émotion, l'humour et la surprise. Contrat rempli dans Abracadabra, assez azimuté mais qui ne s'emballe vraiment que dans sa deuxième partie avec un scénario qui lâche enfin les chevaux. Inutile d'essayer de déflorer l'intrigue qui de toutes manières ne s'appuie sur aucun réalisme, le mieux est encore de se laisser faire dans cette histoire d'hypnose et de schizophrénie sans chercher à tout prix où est le message. Tout juste peut-on remarquer que Berger fait à nouveau oeuvre de féministe avec notamment un portrait féroce du macho ibérique, épinglé dans tous ses travers. S'il est vrai que Abracadabra n'a pas la grâce miraculeuse de Blancanieves, le film possède suffisamment d'originalité pour séduire, nous offrant au passage une scène vraiment magique de danse. Maribel Verdu est une fois de plus remarquable, accompagnée du meilleur acteur espagnol de ces dernières années, le caméléon Antonio de la Torre.