Délaissant les denses profondeurs de la jungle amazonienne pour l’immensité du vide spatial, James Gray nous livre avec son nouveau long métrage Ad Astra une nouvelle variation autour d’une thématique qui lui est chère : la relation père-fils.


Dans un futur proche, après qu’une « surcharge » en provenance de Neptune ait causée des dégâts sur Terre, le brillant et solitaire astronaute Roy McBride (Brad Pitt) est envoyé à la recherche de son père Clifford McBride (Tommy Lee Jones), disparu 16 ans auparavant lors d’une mission de recherche de vie extraterrestre aux alentours de Neptune. Des signes montrant que Clifford pourrait être encore en vie et que ses activités menaceraient le système solaire convainquent Roy de se lancer dans ce voyage.


Le film est plastiquement somptueux, magnifié par la photographie de Hoyte Van Hoytema (déjà à l’œuvre sur Her ou Interstellar entre autres) : chaque étape du voyage de Brad Pitt, d’abord la Lune, puis Mars et enfin Neptune, possédant une identité propre, à travers notamment une colorimétrie différente. La réalisation n’est bien sûr pas en reste, James Gray démontrant une fois de plus tout son savoir-faire : en atteste la scène d’introduction ou la course poursuite lunaire pour ne citer qu’elles. Évidemment les influences du réalisateur sont nombreuses et convoquent le cinéma classique des années 1970 : à travers la plongée dans les ténèbres spatiales du personnage de Brad Pitt résonne l’influence d’Apocalypse Now.


Brad Pitt livre pour la seconde fois de l’année une très grosse performance, via son personnage mutique et renfermé, que l’on pourrait comparer dans un certain genre à celle de Ryan Gosling dans First Man. Son voyage à travers l’espace lui sert de thérapie introspective. Sa relation avec son père, comment lui faire face s’il est encore vivant, ses regrets vis-à-vis de sa femme, ses sentiments, notre place dans l’univers : autant de sujet qui sont abordés dans le long métrage. La vision de l’humanité dépeinte par le réalisateur est assez pessimiste : nous sommes des « dévoreurs de monde ». A peine colonisée, la Lune est déjà remplie de centres commerciaux et autres fast food, pointant nos dérives consuméristes. De plus, hors des limites de la zone lunaire sécurisée, divers États et pirates se livrent à une guerre des ressources minières, reproduisant encore et encore les schémas présents sur Terre.


Pour aborder quelques points négatifs, l’omniprésence de la voix-off est parfois embêtante et légèrement sur-explicative. De plus, on peut regretter le faible de temps de présence à l’écran d’actrices talentueuses telles que Ruth Negga ou Liv Tyler, que l’on aurait aimé voir plus longtemps. L’émotion est également moins présente, peut-être plus froide, que dans un First Man par exemple (oui encore lui !) et l’odyssée spatiale de Brad Pitt m’a moins touchée que le périple lunaire de Ryan Gosling.


Beau et sombre, le voyage proposé par James Gray nous emporte rapidement, sans jamais ennuyer, aidé par la puissante prestation de Brad Pitt. Et l’on ressort de la séance pensif, la tête tournée vers les étoiles.

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le 29 sept. 2019

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ElvisMcFly

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