Brad Pitt sur le chemin de Neptune, et de son père

Road movie spatial


Si l'on prend uniquement en compte la beauté de la photographie, la sensation d’immersion/vertiges/changement de pesanteur, et le jeu de Brad Pitt, alors oui, Ad Astra peut être qualifié de chef d'œuvre. Si par contre nous creusons plus, demandons crédibilité et émotions humaines, le chef d’œuvre n’a pas lieu d’être qualifié de la sorte puisqu’on lui a retiré le primordial. A vous qui vous vous attendiez à revivre le même type d'expérience que celle procurée dans Gravity avec son trop plein d'émotion et de musiques puissantes, passez votre chemin.


Ad Astra ne plaira pas à tout le monde. En tout cas pas aux amateurs de scènes d'action spatiales et ceux désirant voir du drame humaniste poignant. Du pur drama intimiste voyant son héros en constante introspection. A travers on histoire, le réalisateur James Gray se sert de son univers de science fiction comme d’une métaphore des problèmes humains. Nous est parlé de la quête de soi, de relation père/fils, de soif de connaissance scientifique, d'admiration paternaliste mais de rancœur envers l'absence de ce même père dévoué uniquement à son travail et délaissant sa famille, et d’erreurs répétées de générations en générations.


Les problèmes, Ad Astra les cumule. Difficile d’imaginer Brad Pitt interpréter un personnage fade et pourtant, c’est une vérité. Ajouté à un manque de suspense, d'enjeux et de fun, Ad Astra peine à nous convaincre et nous donner envie de plonger dans son intrigue. Cette quête du père dans l'espace n'arrive pas une seule seconde à passionner alors qu'elle a en sa possession toute une ribambelle d'éléments permettant de faire la différence.


C'est du film philosophique mais du film philosophique mou, sans saveur, peu inspiré, dénué d'émotions permettant d'éprouver ne serait-ce qu’une toute petite portion d’empathie envers son personnage principal. Brad Pitt est pourtant à l'aise dans son personnage. Toutefois, ce que nous désirons, ce que nous attendons d’un film de ce genre c’est de voir son héros en baver physiquement et émotionnellement lors de son trajet plutôt que de l’entendre parler de ses regrets et envies. Surtout quand on se rend compte en moins de 45minutes que son personnage coupé du monde et entrainé à faire taire ses émotions afin d’être 100% opérationnel quitte à finir seul, est hyper creux.



J'ai hâte de voir le jour où je dirais adieu à la solitude. Où je
serai chez moi.



Alors on se rabat sur le visuel, sur ce voyage spatial amusant, sur les trois/quatre scènes d’action courtes mais sympathiques (la balade sur la lune tournant au western lunaire), prêt à faire main basse sur les incohérences grossières insultant presque les films du genre (les lois de la physique, les lois spatiales et temporelles en prennent un sale coup), profitant du peu de temps de présence d’un Tommy Lee Jones génial et de l’aspect géopolitique de la conquête spatiale bien mené. Suffisant pour donner un quelconque intérêt de voir Ad Astra ? Non, il y a bien mieux, plus inspirant, plus profond et encore plus beau que ce long métrage. Dans le même genre, même le complexe Interstellar était plus passionnant, émouvant et moins soporifique.

Jay77
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le 8 févr. 2020

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Jay77

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