Après The Lost City of Z, ersatz peu convainquant d'Aguirre La Colère de Dieu, James Gray s'attaque à une resucée typique de ce qu'il y a de plus pénible dans la SF moderne : celle qui a oublié que Science et Fiction occupent le même nombre de mots dans la proposition et qui chie sur la science autant que faire ce peut.


Dès les premières minutes, Ad Astra fait peine à voir, avec une voix off de merde, un édifice qui défie la raison - non mais c'est pour quoi faire cette tour de 20km de haut ? - et du spectaculaire suranné et sans âme : ooooh il toooooommbeeeeeuh mais ça va il s'en sort.
Cet incipit douteux va, telle une fractale de Mandelbrot, donner son identité à tout ce putain de film.
Chaque segment répète Ad Nauseam cette formule, et en élargissant un peu notre point de vue, c'est le film entier qui raconte cette même petite anecdote sans fondement ni conséquence.


On envoie Brad sur la lune, il y a des pirates lunaires, ooooh il toooooooommmbeeeeeuh mais ça va il s'en sort. Brad se casse sur Mars, il y'a des babouins de l'espace, ooooh il luuuuuuttteuh mais ça va il s'en sort. Brad décolle de Mars, il est pas dans la fusée, ooooh il s'accrrooooooooocheuh mais ça va il s'en sort.


Et le film dans son ensemble ne s'en sort pas mieux : On envoie Brad vers Neptune, ooooh il en chiiiiiiiiiiieuh mais ça va il s'en sort.


James Gray clame à qui veut l'entendre qu'il y a dans son film les voyages spatiaux les plus réalistes jamais filmés, non mais qu'on lui mette une paire de baffes à ce connard. De la première cuillère à la dernière goutte il n'y a pas un atome de pixel où la science tient la route. La tour de 20km de haut est un danger inutile pour tout le monde, je n'ai pas compris pourquoi il était vital de mettre une base de lancement sur la lune si loin de la base d'alunissage, mais surtout ça n'a aucun sens quand on fait Terre-Neptune que de visiter Mars, Jupiter et Saturne : les planètes ne sont pas alignées pour un parfait voyage touristique ! Ah, et ne venez pas me parler de ce bol d'antimatière qui fout la merde, ça aussi c'est une vaste blague...


Le bouquet final, quand Brad après avoir inexplicablement abandonné son véhicule, parcourt quelques milliers de kilomètres dans sa combinaison, avec une plaque pour se protéger des débris d'un des anneaux extérieurs de Neptune, n'est pas sans évoquer les surfeurs de l'espace de Dark Star... Un bel éclat de rire !


Et même le côté "solitude lancinante de l'espace" revendiquée par son auteur ( Au Cœur des Ténèbres meets 2001 l'Odyssée de l'Espace ) est complètement aux fraises. Tous les trajets montrent la même routine en fondus enchainés sans qu'un seul instant on ne partage l'angoisse ni l'ennui de Brad. Tout ce qu'on partage ce sont des diatribes insipides, débitées sans conviction dans cette horrible voix-off...
"J'ai vu la rage dans les yeux de ces babouins de l'espace. J'ai vu la même rage dans les yeux de mon père. Cette rage c'est la mienne..."
Putain le mec qui dit ça alors qu'on fait des "évaluations psychologiques" encore plus souvent qu'un test urinaire, il se fait recaler direct !


Rien ne fonctionne dans cet étron fumant. Rien n'est original, rien n'est bien inspiré... Ad Astra est à ranger aux côtés d'Interstellar ( même chef op, tiens ? ) au rayon "Films de merde qui, par un tour de passe-passe ignominieux, font illusion auprès des foules."

mikeopuvty
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le 23 sept. 2019

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Mike Öpuvty

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