Sorti un peu de nulle part, un nouveau film avec un Brad Pitt grisonnant mais pas moins sexy à pointé le bout de son nez.


Qualifié de "Mad Max dans l'espace" par je ne sais plus quel papier, il ne m'a pas fallu plus de mots pour me convaincre de réserver mon siège en urgence dans le Pathé le plus proche de chez moi.


Alors oui, il est vrai que pendant une scène d'environ cinq minutes, deux véhicules se chahutent sur la lune rappelant légèrement les cascades inspirées de Mad Max. Mais résumer les deux heures de ce film à un "Mad Max dans l'espace" c'est à se demander si on a bien vu le même film...


James Grey met en scène un Brad Pitt tout en retenue (mon dieu qu'il est beau) et offre une criante interprétation de son personnage. Un défi, puisque son personnage, Roy, est un homme apparemment froid et dépourvu de son humanité mais qui refoule en fait une profonde meurtrissure, l'empêchant de vivre pleinement sa vie mais dans le même temps lui permet d'exceller dans son travail.
Et c'est exactement pour cela qu'on va le solliciter pour une mission d'une extrême importance.(extrême comme "on a extrêmement besoin de vous et vous seul pour sauver la race humaine, rien que ça bisous")


Et c'est ainsi que sans qu'il s'en rende compte, son parcours initiatique débutera, l'emmenant aux confins de notre système et bravant les dangers de par delà notre petite planète.
On nous dépeint un monde "dans quelques années" où la conquête de l'espace bat son plein, régit par une organisation spatiale nommée ̶S̶p̶a̶c̶e̶ ̶X̶ Starcom, aux techniques légèrement mafieuses. Le film nous montre un monde très pragmatique où, par exemple, la colonisation de la lune ne s'est pas faite sans accros (et où, bien sûr, le capitalisme à trouvé comment investir le sol grisâtre de notre satellite préféré). Même si on s'y attendait un petit peu, la manière dont le film aborde notre probable conquête du système solaire est à la fois passionnante et triste. Mais c'est à voir.


Roy à donc pour mission de retrouver son père, pionnier dans l'histoire de la conquête spatiale, qu'il n'a malheureusement pas connu très longtemps. C'est cette relation qui fait tout le film et qui ébranlera complètement les convictions de notre personnage principal à mesure que son voyage progresse et que les révélations s'égrainent.
Il faut dire qu'après 27 ans d'absence, il avait fait son deuil mais n'était pas guéri du monstrueux trou noir que cette absence à crée dans sa vie. Une absence vorace qui lentement consumait le personnage joué par Brad Pitt.


Cette relation qui sera développée pendant tout le film est touchante, prenante, et intransigeante. C'est véritablement bouleversé qu'on aborde le dernier tiers du film, douloureux comme une écharde profondément plantée sous la peau que l'ont retire d'un geste sec et froid. La fin n'est pas exactement celle que l'ont voyait s'imposer comme une évidence, et c'est une des qualités du film.


Et entre l'imagerie impeccable, les plans somptueux à double sens et les effets spéciaux, Ad Astra nous montre ce que Roy McBride à besoin de vivre pour compléter son parcours initiatique d'au delà des étoiles. Les questionnements du personnage, ses observations quant à l'état de ses relations sociales et sa manière de les aborder nous montre à quel point il peut-être dévastateur de souffrir d'un manque dont on ignorait presque l’existence, et dont on ne sait comment s'en relever.


Sans trop en dire à son sujet, on peut résumer Ad Astra comme un voyage semé d'embuches au travers des étoiles, mais aussi un chemin intérieur tout aussi pénible mais nécessaire ayant pour chacun des deux une seule destination: la délivrance.


Il y a aussi tout un message percutant sur les ambitions folles et démesurées de l'Homme. Ces ambitions qui rendent des hommes fous, les mènent à des extrémités et mettent en péril bien plus que leurs propres vies. Si ça n'avait pas été Roy et son père, cela aurait été quelqu'un d'autre, parce-qu'on ne peut pas mettre sur pied des projets défiant l'envisageable sans créer des monstres.


Un film sublime, porté avec brio par Brad Pitt et Liv Tyler qui n'a pas besoin de plus d'une ligne de dialogue pour briller.



En vrac, j'ai aimé




  • L'imagerie globale, une claque.

  • Un Brad Pitt touchant.

  • Un Tommy Lee Jones parfait.

  • La bande originale de Max Richter, sobre mais bouleversante, comme à son habitude.

  • Le réalisme et le pragmatisme dans le traitement de notre conquête spatiale.

  • Ses messages.

  • Sa fin.



J'ai moins aimé




  • Quelques longueurs.

  • On aurait aimé un peu plus de Liv Tyler.

  • Sa fin, qui, même si fait sens, me laisse légèrement sur ma faim. Mais je chipote.

unclement
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le 2 oct. 2019

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