Pas véritablement fan des films traitant du voyage dans l’espace ni même de Brad Pitt, j’appréhendais donc que la longueur de l’épopée ne devienne finalement quelque chose de lourd. Finalement « Ad Astra » c’est un voyage à la recherche d’un père mais c’est surtout la quête de soi, la quête de vie.


Dès lors il s’agit d’un film bien plus psychologique et, dès les premières minutes, on entre dans l’intimité de Roy McBride pour suivre évolution psychologique en même temps que les différentes étapes de son voyage.


James Gray en a fait un film incroyable en appelant les services de Max Richter pour la musique O combien magnifique et des angles incroyablement immersifs. Aussi, la mise en scène est parfaitement maitrisée, puisque, peu à peu, le personnage bascule dans la fascination, le doute, le questionnement, le manque, l’horreur, la tristesse et le spectateur vit avec Roy McBride toutes ces émotions en même temps qu'il s'éloigne de la terre.
Nous sommes donc emportés par une quête de soi, une quête d’un père, une quête d'amour et de sens car, Roy, sur terre passa à côté de sa vie, rongé par l’absence d’un père mort en héros lors d’une mission spatiale.
En effet, tout comme son père, Roy semble être un astronaute exemplaire mais un individu plutôt largué qui a du mal à s’attacher ou bien à aimer, à être chez lui sur terre.
Ad Astra traite aussi de la solitude et ce sentiment d’étrangeté quand votre vie vous échappe. Ce sentiment de seule-ensemble qui pousse toujours plus dans la fuite en avant pour oublier. En effet Roy a voué, tout comme son père, sa vie à la science et aux découvertes spatiales comme pour fuir sa solitude. Que pouvons nous découvrir sur nous même et sur le monde lors d’une fuite de ce genre? C’est là l’extrême originalité et beauté de l’oeuvre de James Gray.


Parallèlement au voyage il y a peu à peu des réalités qui s’imposent à Roy McBride et pourtant toujours cette frénétique envie de rencontrer son père avec ses incertitudes et ses angoisses, de tels sortes, que le spectateur intrigué et impatient, ressens cette même crainte-excitation.
Finalement la rencontre avec le père est une révélation puisque c’est alors que ce qui échappait à notre astronaute s’impose.


Et si finalement les choses les plus inestimables sont celles qui se trouvent devant nous? Et si nous passions nos vies à rechercher l’inexistant sans nous préoccuper de ce qui existe déjà, et si après tout, nous n’étions seulement la somme de ce que nous avons déjà ? L’amour, la joie, l’accomplissement ne se trouve pas finalement dans l’isolement ni dans la recherche constante de ce qui dépasse l’homme, mais dans nos relations de tous les jours. L’homme a tendance à passer à côté des choses les plus importantes, trop occupé à essaye de percer les mystères infinis de l'univers.
D’ailleurs en rencontrant son père obsédé par le devoir, par la découverte ( et qui aura passé sa vie finalement à ne rien trouver de viable, juste des endroits magnifiques...) au détriment de sa famille, de l’amour et de la vie, que Roy finir par comprendre ce qui lui échappait jusqu’alors.


Somme toute « Ad Astra » peut être vu comme une quête de sens et une quête d’amour. Ebloui par la vérité trouvée à des kilomètres loin de la terre, Roy y reviendra et capable enfin de vivre et d’aimer sans plus jamais être seul chez lui et étranger à lui-même.

Clawdia
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le 28 oct. 2020

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