Adieu Berthe - L'enterrement de mémé par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Armand avait sa grand-mère Berthe qui finissait ses jours en maison de retraite. Tellement obsédée par le fait de ne pas déranger sa famille son petit fils avait semble t-il oublié que sa mémé séjournait dans ce établissement. Un matin Armand est prévenu que la gentille Mémé vient de décéder. Que faire en pareil cas?
La solution paraît simple mais avant de s'engager sur cette voie, il convient de tracer le portrait de ce garçon tout de même assez particulier qui ne sait trop quelle solution prendre pour offrir à sa grand-mère des obsèques dignes de sa personne.


C'est à Chatou que ce pharmacien que son métier ne passionne visiblement pas tient son officine avec son épouse Hélène. C'est par accident que Armand s'est retrouvé pharmacien, lui dont le rêve était d'être magicien.Des certains accessoires ne sont jamais bien loin dans une armoire à médicaments.
Et pourtant lorsqu'on observe d'un peu plus près cet homme on le devine assez immature et déjanté. Tout se mélange et les décisions restent en rade pour le malheur de tous. Il disparaît, il réparait, il est le type extrême de l'éternel indécis et arrivé à la cinquantaine le phénomène est très difficile à gérer.
De ce fait ce décès ne pouvait pas plus mal tomber car les obsèques ne peuvent se tenir que le jour de l'anniversaire de sa fille au cours duquel il a prévu d'effectuer un nouveau tour de magie.C'est un caillou de plus qui vient se loger dans sa chaussure.
Eh oui, cet homme vit entre sa douce femme, Alix, sa maîtresse hystérique, sa belle-mère envahissante, de son père atteint de la "maladie d'Alzheimer" à un stade bien avancé et de ses deux enfants , un garçons et une fille à élever. Et de plus ce décès inattendu.
C'est trop! L'indécision se fait jour. Berthe doit-elle être enterrée ou incinérée? Et puis au fait, à quel "pompes funèbres" s'adresser ?
Le choix se porte sur deux organismes de style absolument opposé et là également il va falloir trancher vite.


Brusquement nous allons vivre un beau moment d'émotion lorsque Armand accompagné d'Alix se décide enfin à se rendre à la maison de retraite. Là, ils vont recueillir des témoignages et découvrir sa chambre, véritable "taverne d'Ali Baba" et son adoration pour le disque "Comme un p'tit coquelicot" de **Mouloudji. Durant toute une nuit Armand va pouvoir reconstituer l'univers secret de cette grand-mère ayant subi de grosses épreuves et si longtemps délaissée.


Mémé sera finalement incinérée et là une scène finale mêlée de sourire, de magie et d'émotion va clore ce film parfois drôle et rocambolesque, parfois acide et parfois tendre.


J'aime beaucoup cette réalisation de Bruno Podalydès car on retrouve toujours dans ses films ce genre de personnage central un peu "déboussolé", hors de son monde. J'ai eu le bonheur d'écrire sur d'autres de ses œuvres et je dois avouer que j'ai toujours été frappé par ce style d'anti-héros aussi dérangeant que sympathique. Il a son monde bien particulier qui fourmille autour de lui. On y retrouve des tas de gens simples avec leurs travers mais aussi leurs qualités qui en font des personnages en fait sympathiques grâce à leur originalité. Et c'est encore le cas dans ce film qui reste à la mesure de son talent. Cet univers qui vire parfois jusqu'à l'absurdité est certes déboussolant mais tellement attachant aussi.
Le film bénéficie d'un scénario de choix car les deux frères Denis et Bruno Podalydès l'ont concocté ensemble et la petite équipe de fidèles acteurs est présente pour nous le faire apprécier au travers d'une interprétation bien "huilée".
C'est ainsi qu'on retrouve Denis Podalydès dans une très belle prestation de ce pauvre Armand entouré d'actrices et d'acteurs s'invitant à merveille dans des personnages aux personnalités aussi variées que possible: Isabelle Cantelier en épouse patiente et tendre, la volcanique Valérie Lemercier, Pierre Arditi plein de bonne humeur mais perdant la raison et Catherine Hiegel en infernale belle-mère. Et puis il y a les inégalables patrons de "pompes-funèbres" qui se tirent la bourre afin de remporter le marché. Bruno Podalydès, le décontracté, et Michel Villermoz, le cérémonieux, s'opposent avec un humour fou. J'ai également été conquis par Michel Robin qui interprète avec beaucoup de tendresse et de retenue le rôle de monsieur Salvini, un ami proche et confident de mémé à la maison de retraite.


Toute cette troupe vous invite donc à passer un moment de pur bonheur comme le réalisateur aime nous l'offrir dans un élan de délire, d'humour et de poésie bien dosés. Et puis, en l'espace d'une nuit, vous découvrez la vie secrète de mémé. Régalez-vous !


Box-office France: 665 030 entrées


Note: 8/10

Grard-Rocher
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le 18 sept. 2020

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