En été comme en hiver, j'adore Yoshida.

Kiju Yoshida propose avec Adieu clarté d'été un road movie au sein même de l'europe, une vagabondage de pays en pays, une oeuvre d'errance et d’incompatibilité marquée par ses deux personnages principaux respectivement interprétés par Mariko Okada et Tadashi Yokouchi.

Makota (Tadashi Yokouchi), étudiant en architecture, fait des recherches sur une église qu'il avait aperçu sur un croquis au Japon et qu'il a en sa possession. La quête parait pourtant veine étant donné qu'il ne sait réellement où chercher, son seul indice est qu'elle se trouve en europe. Et c'est à Lisbonne qui rencontre Naoko (Mariko Okada) qui vit d'importation d'objet d'arts et qui est marié à un jeune américain.
Le film se déploie avant tout en tant qu'histoire d'amour laquelle se retrouve sublimée par un sens du découpage très équivoque. Les personnages ne parlent que très rarement entre eux, le peu de paroles n'ayant un sens que réduit, un intérêt que très limité. Ils ne se parlent pas, ils s'observent, ils se mêlent tout en étant séparés. Et c'est là que toute la splendeur de Adieu, clarté d'été prend forme. L'oeuvre de Yoshida fait recours à maintes reprises à la voix off, représentative d'un certain blocage des personnages. Ces voix off tantôt de Makota tantôt de Naoko ont la particularité de souvent s'enchaîner sans jamais réellement se mêler, il y a une certaine forme de distanciement qui se met en place et qui révèle cette impossibilité naissante à communiquer avec l'autre. Chacun se déploie donc dans sa propre pensée, quitte à ne rien communiquer à l'autre si ce n'est des regards et observations, chose encore plus marquée sur le personnage féminin de Naoko où sous ce mutisme se cache une certaine forme de désir. Cette forme de vide et d'incommunicabilité n'est d'ailleurs pas sans rappeler le cinéma d'Antonioni.

Et de tout cela il en résulte d'un traumatisme commun, une recherche identitaire désespéré suite à l'explosion de Nagasaki. Ce bouleversement psychique emmènera les personnages à s'interroger à plusieurs reprises sur ce qu'est le Japon pour eux. Peu de mots pour le décrire mis à part l'errance, la douleur et l'attachement. Ce qui est aussi remarquable dans Adieu clarté d'été c'est son sens du cadre, sa mise en valeur des lieux pour en ressortir une certains substance émotive et symbolique. Ainsi ces derniers sont bien souvent liés à un périple très mental, multipliant les étendus infinis dans laquelle se retrouve nos deux personnages souvent symbole du vide de l'âme et à cela s'accumule quelques percée oniriques à l'image de ce magnifique couché de soleil éblouissant mis en valeur par une photographie tout simplement sublime.
Dodeo
8
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le 1 nov. 2012

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