Réalisateur important dans le paysage du cinéma français, Albert Dupontel est de retour avec "Adieu les cons " 3 ans après son magnifique "Au revoir là-haut".
Dans toute sa filmographie, on retrouve des thématiques récurrentes. Ses films sont souvent antisystèmes et mettent en avant des personnages délaissés ou inadaptés à la société. Après des débuts complétement fou avec son premier film devenue culte "Bernie", comédie noire déjanté, provoquante et subversive, au fil des années sont cinéma s'est apaisé et s'est orienté plus vers la poésie avec des comédies plus légères comme Le vilain ou 9 mois ferme, sans jamais délaisser ses thématiques qui lui sont chères. Adieu les cons est dans la continuité de sa filmographie. Sans révolutionner son cinéma, il atteint une forme d'accomplissement et réussit le parfait mélange entre le cartoonesque punk à la tex avery, la comédie, l'émotion, et la poésie visuelle.
Avec Adieu les cons, il raconte l'histoire de Suze Trappet, femme de 43 ans qui apprend qu'elle est sérieusement malade et qui décide de partir à la recherche de l'enfant qu’elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans. Sa route croisera le chemin de JB, un fonctionnaire en plein burn-out et Mr.Blin un archiviste aveugle.
Le concept du film part sur le principe d'une femme qui voudrait vivre mais qu'il ne peut plus, rencontre un homme qui peut vivre mais qu'il ne veut plus comme le décrit si bien son réalisateur.
Après nous avoir exposé les enjeux et les personnages au fil des minutes, Adieu les cons nous emporte ensuite pour nous toucher en plein coeur. On est plongé dans son univers, dans cette fable dystopique au rythme effréné enchainant les inventivités visuelles et créant une poésie autant dans le fond que dans la forme. Les influences au cinéma de son ami Terry Gilliam (dont on a même le droit à un petit caméo) sont bien présentes.
Aussi drôle qu'émouvant, il ne tombe jamais dans l'émotion facile et réussit toujours à être juste et profond dans tous ce qui l'entreprend, en ne sonnant jamais faux. On se souviendra de la scène émouvante avec le docteur Lint joué magnifiquement par Jackie Berroyer ou encore de bons nombres de scènes impliquant le trio Virginie Effira, Albert Dupontel et Nicolas Marié tous parfaitement juste dans leurs registres. Albert Dupontel a une vraie sympathie pour ses personnages et ça se sent. Adieu les cons est une tragédie burlesque, une ode à l'imaginaire, célébrant les relations humaines, célébrant la vie, l'amour, dans une société où nous sommes obnubilé par notre réussite personnelle, nos téléphones et les nouvelles technologies. Le final nous rappelle l'importance de s'aimer et de s'entraider dans un monde qui peut paraitre parfois froid, compliqué et déshumanisé.
Un film doux, tendre et mélancolique qui fait du bien au cinéma. Une consécration pour Albert Dupontel.