Si on vous découvrait soudain, à un stade avancé, une maladie grave qui ne vous laisserait que peu de temps à vivre, que feriez-vous de toute urgence ? Si on vous annonçait que malgré vos compétences et un incessant dévouement à ceux qui vous emploient depuis des années, vous allez perdre vos fonctions et peut-être même votre gagne-pain, vous réagiriez comment ?
C'est exactement ce qui est arrivé à Suze/Virginie Effira et JB/Albert Dupontel. La première rebondit comme un ressort de pendule alors que le second développe une grosse déprime. Albert Dupontel se met en scène lui-même accompagné de deux comparses qui sont aux anges dans une nouvelle fantaisie, un genre qu'il affectionne particulièrement, même s'il ne se cantonne pas à cela. Les films de Dupontel sont surtout un univers dans lequel il cultive son côté improbable.
Jeune fille de 15 ans à peine, Suze échange quelques regards et quelques baisers quand un bébé lui vient. Elle accouche dans la douleur et à contre- coeur sous X, elle en garde toute sa vie souvenir et regret. Le moment est venu de retrouver ce fils inconnu, ne serait-ce que pour savoir. Elle s'adresse donc au service social chargé de conserver trace de cette naissance, obtient un rendez-vous et découvre un univers qui semble tourner en rond. Son cas est ancien et relève des archives les plus profondément enfouies auxquelles seul le responsable des affaires...internes peut lui permettre d'accéder.
JB est justement ce responsable ; il vient de se documenter soigneusement sur les fusils de chasse et de porter son choix sur une carabine pour sanglier. Installé dans le bureau voisin de l'accueil, il s'apprête à se tirer une balle dans la tête après avoir longuement enregistré un message d'explication pour la postérité. Et le coup part, mais dans la cloison, qu'il transperce, cueillant à l'épaule l'interlocuteur de Suze.
Désormais Suze et JB vont devoir faire équipe. Ordinateur prouvant l'accident et non l'homicide volontaire contre aide efficace pour retrouver le fils perdu dans les archives de la Dass. Grâce à l'aide peu efficace mais délirante de Monsieur Blin/Nicolas Marié, un archiviste aveugle qui fait faire des économies à l'administration car il peut travailler dans l'obscurité, le fils prodige sera retrouvé et révèlera même son amour à sa dulcinée grâce au trio.
Une fois de plus, je me condamne à ne pas trop laisser ma langue pendre en me faisant une violence extrême pour vous laisser découvrir les moments les plus savoureux qui suivent. Je me confine donc derechef dans mon propre rôle de divulgâcheur contrarié.
Le plaisir était là, mais il aurait pu être plus grand encore si...Je suis toujours plein de regrets quand une comédie fourmille d'idées originales qui, pour des raisons inconnues, sont insuffisamment exploitées ou carrément laissées en friche. Parfois, c'est par manque de savoir faire, mais le plus souvent c'est comme si le temps manquait pour approfondir et affiner, polir et lustrer pour enfin délicatement déposer l'ouvrage dans son écrin et le lancer sur l'écran. Cela semble être le cas dans ce dernier film de Dupontel qui ne manque pas de talent pourtant. Cela me contrarie et je l'invite comme quelques autres à méditer longuement : « Que faites-vous de votre talent, nom de Dieu ! »