Le nouveau film d'Albert Dupontel est dédié à la mémoire de Terry Jones, le Monty Python décédé en début d'année. Adieu les cons enfoncera le clou un quart d'heure plus tard avec l'apparition de Terry Gilliam, autre emblème de la troupe d'humoriste. Et ami personnel du cinéaste, dont l'univers partage ce goût pour mêler l'absurde avec la satire d'un capitalisme broyeur de talents.
Un amour pour les outsiders qui deviennent malgré eux ces grains de sables qui enrayent la machine. Ils prennent aujourd'hui le visage d'une femme rongée par la maladie et la douleur, d'un employé en pleine crise, et d'un aveugle mis au placard sans préavis. Dans leur course effrénée pour combler un manque et redonner un (dernier?) souffle à leur vie, ils vont empiler les contre-temps savoureux et signifiants.
Le film est gorgé de cette humanité qui invite à faire demi-tour pour retrouver l'innocence et les idéaux perdus. Ça fonctionne plutôt bien, quoique les sabots sont parfois très gros. Nicolas Marié est pour beaucoup dans la fièvre comique qui contamine chaleureusement le récit. Il éclipse presque les deux interprètes principaux, Virginie Efira et Dupontel lui-même. Ce n'est pas que leur partition manque d'attraits, loin de là (les interprètes sont géniaux). Mais le ton est un peu trop appuyé, le déroulement un peu surfait, heureusement rattrapé par un final qui a l'effet d'une bombe. Poétique certes, mais dont le souffle dramatique risque d'en laisser plus d'un sur le carreau. Et ce n'est pas la seule trouvaille du long-métrage, dont l'énergie offre un paquet de belles idées de mise en scène (la caméra qui suit les personnages dans un colimaçon, par exemple).
Le réalisateur (et son univers, par extension) n'est donc pas résigné mais inquiet. Et il le communique avec un ton tragiquement enjoué.