Virginie Efira campe le rôle d'une femme de 43 ans nommé Suze Trappet : pas étonnant comme nom quand on sait qu'Albert Dupontel va nous livrer un film qui conte l'histoire d'une femme ivre de vie. Suze est coiffeuse, mais surtout Suze est malade ; il ne lui reste que peu de temps pour vivre. Alors, elle décide de chercher par tous les moyens ce qu'est devenu son fils biologique, qu'elle a du abandonner à sa naissance quand elle avait 15 ans sous la contrainte de ses parents. Elle s'associe avec JB, informaticien qui veut mettre fin à ses jours, et M.Blin, un archiviste aveugle, pour poursuivre sa quête tout en se battant contre les heures qui raccourcissent entre elle et sa mort...


Adieu les cons est une poésie cinématographique qui nous peint une vision de la vie bouleversante et tout simplement belle. Albert Dupontel nous présente le monde dans lequel nous vivons comme un écran neutre sur lequel nous projetons nos rêves, nos fantasmes, nos envies, notre point de vue personnel. Tout tourne autour de ce mot, « voir » : nous avons comme personnages un aveugle (l'hilarant Nicolas Marié) qui imagine son monde d'avant dans sa tête , un vieux médecin amnésique qui ne vit plus qu'à travers les maigres bribes de son ancienne vie, des hommes stalker qui ont du mal à se connecter à la réalité des choses...et surtout une femme qui, quand elle voit que la maladie tient son destin en mains, se bat pour pouvoir le reprendre et le contrôler à nouveau.


La fin du film se termine par le suicide de Suze et JB, après qu'ils se soient échangés un baiser. La seule façon de vivre leur vie comme bon leur semble est de quitter ce monde qui n'a de sens pour personne et qui ne laisse aucune liberté à ses habitants. Comme si le fait de mourir pouvait permettre à JB l'informaticien de s'enfermer sur lui même et de rejoindre son monde, et à Suze de trouver la paix, et surtout de choisir elle même sa mort : elle fait acte de rébellion envers son corps et dépasse ses limites. C'est une fin presque immorale, qui semble dire « pour être enfin libre, il suffit de mourir ». Il s'agit en réalité d'une métaphore, qu'il suffit de tuer son passé pour mieux renaître de ses cendres, de devenir un nouveau soi qui a atteint son but et qu'il trouve qu'elle est sa réelle raison de vivre. Et c'est ce que nous montre Suze en cherchant, en retrouvant et en parlant à son fils perdu tantôt. Cette phrase « adieu les cons », c'est dire au revoir à ceux qui ne croient pas en nous. Et c'est ce que veux nous dire ce film ci.


Un film très émouvant dont on va se souvenir longtemps. Une lumière lumineuse et douce ne cesse de nous rappeler que derrière les nuages, le soleil brille. Un humour très subtil qui nous fait (mourir ?!) de rire. Des acteurs qui ont saisi l'essence du film que souhaite son réalisateur et qui la transmettent à l'écran avec une justesse précise et émouvante. Adieu les cons est une pépite qui tire les larmes et qui nous donne envie de nous lever chaque matin en remerciant la vie.

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le 2 nov. 2020

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