J'ai adopté un André Dussolier au top de son humour de pince-sans-rire, il n'est plus tout jeune mais a toujours sa fougue et son phrasé si personnel, si posé et cinglant.


Hubert est triste, seul et terriblement sombre depuis le décès de sa femme, mais l'arrivée de Manuella, campée par la pétillante Bérengère Krief, vient bouleverser son quotidien morne en lui imposant une colocation. Colocation qui vire vite à l'auberge espagnole avec l'arrivée de nouveaux personnages dont la charmante Julia Piaton, ce qui donne naissance à des situations à la fois ordinaire et rigolotes. Quelques quiproquos pas mauvais, et une histoire qui est prétexte à des dialogues hilarants d'un très bon niveau.


Sans jamais éclater de rire, on garde le sourire du début à la fin. Mais pas que, ces destins sont touchants, on s'attache aux personnages très rapidement, même ceux qui n'ont que deux scènes. On passe par des thèmes très durs, traités en profondeur mais jamais lourdement. Des thèmes comme le deuil, qui est très présent, mais aussi le divorce, la confiance, et bien sur l'amour. C'est avant tout un film sur l'ouverture aux autres, le non-repli sur soi et surtout le partage.
Le rythme est impeccable, c'est bourré de gags et d'émotions, on nous fait passer du rire aux larmes avec une fluidité déconcertante.


Le quator principal est excellent et fonctionne à merveille. On sent à la fois une alchimie entre les comédiens mais aussi une distance entre les personnages. A noter aussi deux pépites dans les seconds rôles : Nicolas Marié en bobo un peu beauf et surtout Rose Gardin, la boulangère, à la fois drôle et chou, c'est une vraie gentille, un personnage discret mais mémorable, à qui on doit l'installation de la jeune fille chez ce veuf, à la suite d'un quiproquo. Acte manqué ou véritable ange gardien ?


Malheureusement, si le casting et l'écriture méritent 5 étoiles, je ne peux pas en dire autant de la mise-en-scène et de l'image. La photographie n'est pas très belle, parfois même déroutante, avec des mélanges de couleurs chaudes et de couleurs froides improbables dans des scènes d'intérieurs. Les cadres ne sont pas très intéressants et il y a pas mal de mouvement de caméra flous, surtout dans le premier quart d'heure. On repassera donc pour le côté cinématographique de l'oeuvre, mais la seule prestation de Dussolier nous fait oublier l'image pauvre et fade.
Autre point négatif, rien ne donne envie de voir ce film, entre une affiche plate et convenue, une bande-annonce découpée à la machette qui mettait en avant des blagues douteuses et archi-misogyne hors-contexte, et surtout un titre affreux, sans déconner on n'en peut plus de cette titraille qui commence par « Adopte », cette espèce de mode était déjà has-been avant même que le premier crétin ai eu l'idée.


A la fois tendre et drôle, ce petit film trans-générationnel apparaît comme la bonne idée sortie du week-end, pour se détendre mais aussi prendre conscience que nul homme n'est une île.

Leah_Marciano
7
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le 11 mai 2016

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Leah_Marciano

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