La misère avec humour

Il n'y a pas d'âge pour découvrir le cinéma d'Ettore Scola. Ou du moins peu importe le cinéaste, il n'y a jamais d'âge pour découvrir quelqu'un. Affreux, sales et méchants est une comédie satirique sur une frange de la population italienne, regard acéré et humoristique sur une communauté de pauvres Italiens.

L'humour fonctionne plutôt bien chez Scola qui nous présente une famille dans tout ce qu'il y a de plus répugnant: ils sont sales, grossiers, chapardeurs, sans éducation, forniquent entre eux, le père voit des voleurs partout dans sa famille mais fait preuve d'un manque de générosité affligeante vis-à-vis d'eux, bagarreurs, etc. Bref, il n'y a absolument rien pour les sauver.

C'est pourtant à travers ces personnages que Scola dépeint une satire sociale qui fait généralement mouche. Certes, ces gens sont affreux. Mais ils sont surtout des êtres démunis face à la grandeur de la ville de Rome. Vivant dans un bidonville, ce sont des gens sans avenir car ils n'ont pas l'argent nécessaire pour s'en sortir. A ce titre, le plan final de la jeune fille est lourd de sens quant à leur possibilité de fuite d'un tel milieu. Elle est inexistante car si la société ne les aide pas, Scola estime qu'ils doivent aussi s'entraider et se donner les moyens de sortir d'une telle vie.

L'oeuvre est franchement un bon moment de plaisir sauf que je la trouve trop longue et que l'humour ne fonctionne pas non plus toujours. Ou tout du moins, il me semble que Scola répète un peu trop certaines situations et que le film a tendance à s'enliser vers le milieu et à ne plus réellement avancer (la rencontre d'une nouvelle femme pour le père, la revente de la maison à d'autres gens,...). Les exemples cités ici prouvent simplement, à mes yeux, que Scola appuie un peu trop sur son sujet.

Il n'y avait pas besoin d'en faire autant car il avait trouvé le ton juste et une écriture extraordinaire de personnages pour évoquer la crise sociale italienne et la pauvreté d'un certain milieu. Ce n'est certainement pas le meilleur film de Scola, mais il donne en tout cas envie que l'on découvre un peu plus son cinéma.