After Earth commence comme ça : l’Humanité a détruit toutes les ressources de la Terre et a donc pris la poudre d’escampette, comme les gros lâches que nous sommes, sur une autre planète appelée Nova Prime. Sauf que voilà, sur la planète en question, y’avait déjà du monde et les autochtones ont moyennement apprécié qu’on vienne bousiller leurs plates-bandes. Ils ont donc créé une espèce, les Ursas, qui, bien qu’aveugles, ont la capacité de repérer les humains grâce aux phéromones générés par notre peur. Les Hommes se font donc gentiment décimés par ces espèces d’acariens géants jusqu’au jour où l’un d’entre eux, Will Smith, « s’efface » en maîtrisant ses émotions. De là, découle une nouvelle armée entraînée à ne plus avoir peur afin de botter le train aux Ursas. Will Smith, devenu général, rentre de mission et découvre que son fils (Jaden Smith) n’a pas été nommé rangers, comme lui, car il ne contrôle pas suffisamment sa peur une fois sur le terrain. Cependant, afin de tisser des liens avec lui (le père se comportant comme un chef d’armée avec son moutard), Will décide, sous l’impulsion de sa femme, de l’emmener avec lui pour une mission de routine, sa dernière avant qu’il ne prenne sa retraite. « Manque de bol », le vaisseau traverse une bande d’astéroïdes et est obligé de se poser sur la dernière planète où il faut atterrir : la Terre. Car, il se trouve que toute la faune y a évolué pour attaquer l’Homme.


Enfin, ça, c’est la théorie. En effet, si le principe de base est alléchant (du moins, pour moi), tout retombe assez vite comme un soufflé foireux. Cette faune, soi-disant hyper agressive envers les empaffés que nous sommes (parce qu’on est quand même partis sans faire la vaisselle), se limite finalement à quatre, cinq babouins, un vautour et deux gros chats. Tous les autres animaux (les insectes que l’on voit au début, les oiseaux, les bisons, les sangliers, le serpent…) n’en ont absolument rien à faire de la présence de ce petit humain en vadrouille sur leur territoire. Pire, le vautour se prend même d’affection pour le gamin et lui vient en aide quand il est à deux doigts de passer l’arme à gauche. Pourquoi ? C’est la question à 10 000 euros du film. Donc, le postulat de départ qui aurait dû apporter une tension de tous les instants à After Earth est très rapidement écarté pour donner un film plat et prévisible à souhait.


Prévisible pourrait d’ailleurs être le mot-clé pour qualifier After Earth car, soyons honnête, dès la seconde où Will Smith annonce à sa femme que c’est sa dernière mission et qu’il va prendre sa retraite ensuite, on devine illico que ça va être un fiasco total. C’est bien connu, une des règles d’or du cinéma hollywoodien, c’est qu’il ne faut jamais prendre un avion, un bateau, un train, quoi que ce soit qui transporte des passagers avec un commandant/capitaine/chef de bord qui va prendre sa retraite juste après : immédiatement, le taux de survie des passagers tombe au-dessous de zéro. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe car le vaisseau s’écrase et ne survivent que les Smith. Et, bien sûr, le seul qui est capable de tenir sur ses guibolles, c’est le gamin qui n’est pas encore rangers parce qu’il ne contrôle pas ses émotions. Je ne vais pas vous faire toute la liste mais, globalement, toutes les ficelles faciles à deviner, vous les aurez dans ce film.


Si encore ça ne pouvait se limiter qu’à ça (même si on a déjà deux gros points noirs, là), il faut savoir aussi que After Earth grouille d’incohérences. Déjà, créer un ennemi de l’Homme aveugle qui ne se repère qu’à la peur qu’on peut ressentir, c’est un peu c*n. Ensuite, il va falloir m’expliquer comment des animaux, qui ne nous ont jamais vus, peuvent avoir évolué pour nous attaquer (là, je parle de la faune terrestre). Le principe de base de l’évolution, c’est qu’un être vivant évolue que s’il est exposé à un stimuli ou qu’il se retrouve confronté à un obstacle qui vont avoir un impact sur sa faculté à survivre (échapper à ses prédateurs, trouver ses proies, se reproduire). Si rien ne le pousse à modifier son apparence ou son comportement, il va rester tel qu’il est apparu. Et, sachant qu’à part quelques tortues et deux-trois gros mammifères, très peu d’animaux vivent plus de quinze-vingt ans, il est impossible que tous les animaux que l’on voit sache ce qu’est un humain. Ils ne peuvent donc pas l’attaquer. CQFD. Ceci étant, ça pourrait justifier le fait que le gamin se balade finalement un peu les mains dans les poches (mais, à ce moment-là, l’avertissement de son père devient débile).


Néanmoins, si on fait abstraction de ce « détail », le film contient encore tout un paquet d’incohérences : la combinaison de survie sans cagoule qui ne protège pas du froid, les plantes qui survivent au gel quotidien, le sabre qui disparaît par magie (sans que cela n’ait le moindre intérêt scénaristique, en plus), l’hémorragie paternelle qui dure 4 jours, le gamin qui galope sur un volcan sans même toussoter un peu, etc. After Earth qui commençait alors à boiter sérieusement, se casse carrément la gueule. Surtout que, de par son côté « sans peur », Will Smith est inexpressif du début à la fin et son fils n’a pas les épaules pour tenir le film à bout de bras. Si on ajoute le fait que la musique est inexistante et qu’on saute d’un fond vert à un autre, c’est la fin des haricots.


Je reste encore le cul entre deux chaises en ce qui concerne la fin. D’un côté, c’est incohérent de pisser le sang ainsi pendant aussi longtemps et de s’en sortir presque frais comme un gardon et de l’autre, si elle avait été différente, la relation père/fils (parce que, au final, il n’est question que de ça) n’aurait pas poussé son évolution jusqu’au bout.


Bref, ce film aurait pu être bien si le concept de la faune terrestre anti-humain avait été exploité jusqu’au bout, si les incohérences n’avaient pas alterné avec les clichés et si Jaden Smith avait été un poil plus convaincant dans son rôle (parce que là, il tient plus de la crevette que du héros).


Copie à revoir pour moi.

NicodemusLily
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le 6 juin 2019

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