Aftermath
5.7
Aftermath

Court-métrage de Nacho Cerda (1994)

Court métrage assez surprenant où sexe et gore se côtoient comme larrons en foire ; au fond, ce sont là les ingrédients de bonnes petites productions horrifiques, mais le traitement est légèrement différent.


Le scénario est très minimaliste, on nous présente simplement la passion morbide d'un homme. Ce qui surprend, c'est le traitement : l'auteur ne nous présente pas ça comme un mal, il nous montre juste une pratique que nous, spectateurs, pourrons juger comme il nous plaira. Je dirais même que ce qui fascine avec ce film, c'est que le réalisateur filme ça comme s'il s'agissait du plus bel acte au monde (il y a un côté clinique tendant légèrement vers la poésie volontaire). Ce qui rend le tout plus glauque évidemment, car notre société ne nous prépare pas à accepter ce genre d'images sordides. Il y a un petit côté clinique dans la première moitié du film qui n'est pas déplaisant : cela permet d'amorcer le côté voyeuriste, de préparer ainsi le spectateur à ce qui va suivre. Commencer directement par l'acte sexuel aurait été plus scandalisant ou moins crédible.


Les effets spéciaux sont très réussis. Il est des moments où l'on n'est pas certain que ce soient des mannequins tant ils sont réalistes (je vois qu'il y a 4 acteurs crédités mais il y en a au moins 5 que l'on voit, donc il se pourrait que des acteurs aient pris la place des cadavres ne fut-ce que pour certains gros plans). Il y a donc tout un jeu de texture et de fluide. Apparemment, l'auteur aurait passé plusieurs jours dans des morgues pour prendre des notes : cette méthode montre des résultats plus que satisfaisants au travers de ce film.


L'auteur pose aussi la question de ce que l'on montre et ce que l'on ne montre pas. Parce qu'aussi trash ce film puisse-t-il être, l'auteur sait se limiter. Les coups de disqueuse et de sécateurs, par exemple, sont en hors champ. La pénétration aurait pu être plus démonstrative, mais au final, ça reste quelque chose de très traditionnel visuellement, proche des films romantiques même (l'homme par dessus) ; bon, après il gigote et grogne comme un ours, mais après tout, qui nous dit que Hugh Grant ne fait pas pareil. Ce pseudo-romantisme n'empêche pas de voir des tripes, des viscères, du sang, mais assez curieusement ce n'est jamais vraiment dégoûtant. Et puis je le répète, il y a un côté très sensuel, les organes en deviennent sexy en quelques sortes. Bon, je déconseille tout de même cela aux âmes sensibles (que ce soit vis-à-vis du gore ou de l'ordre moral perturbé).


Bref, ce court métrage est étrange mais fort sympathique à découvrir.

Fatpooper
7
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le 3 juil. 2016

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Fatpooper

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