Ah ! Les Belles Bacchantes ! par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Au théâtre des Folies-Méricourt se répète sous la direction du metteur en scène Robert Dhéry une revue au titre équivoque de "Ah ! les belles bacchantes". Le très pudique inspecteur Michel Leboeuf du service de la brigade des moeurs se trouve assez choqué par l'affiche et le titre. Pour en savoir un peu plus sur le contenu de la revue, il décide d'aller enquêter sur place en s'infiltrant dans la troupe. Mais voilà, notre inspecteur pudibond ne se révèle pas si mauvais acteur que cela à tel point qu'il est engagé en remplacement d'un membre de la troupe tombé malade. Petit à petit, Michel Leboeuf prend goût aux "charmes" des actrices et le caractère licencieux de la revue ne le rebute plus du tout. C'est ainsi que la troupe est au complet et que le spectacle va pouvoir commencer...


Michel Leboeuf est offusqué, ses subordonnés de la brigade des moeurs ignorent que des bacchantes sont en fait des femmes lascives. Devant de telles lacunes, l'inspecteur renfrogné s'en va humer l'atmosphère du licencieux. Son air soupçonneux n'effraye pas grand monde et surtout pas Robert Dhéry qui l'intègre au spectacle. C'est ainsi que nous assistons à une répétition générale bourrée d'imprévus et de péripéties. On se houspille, on rate des numéros et on en réussit d'autres. Partout on se balade: sur scène, dans la salle, dans les coulisses, dans les loges. Le spectacle est partout. On croise les personnages les plus divers et les plus inattendus: artistes ratés, artistes confirmés ou ridicules interprétant des numéros dont la plupart sont des petits morceaux d'anthologie. On se régale avec le chanteur troupier ridicule et son orchestre de "bras cassés". On n'est pas prêts d'oublier les portes de cabines de bains qui claquent et s'entrouvrent afin de pouvoir reluquer la nudité d'une jolie baigneuse. Difficile également de ne pas apprécier le sublime passage de "La Léopolda ", séquence assez inoubliable. Au milieu de tout cela un couple qui n'a rien à voir avec le spectacle s'interpelle, la femme étant venue accompagner son mari plombier complètement perdu et râleur, chargé de changer les robinets des loges.. Rassurez-vous, malgré cet amalgame de soi-disant artistes, malgré le nombre incalculable d'aléas, la tempête qui a envahi le théâtre de Folies-Méricourt permettra tout de même la levée du rideau afin que le spectacle officiel commence.


Ce film fut tiré de la pièce de Robert Dhéry qui remporta à l'époque un immense succès public. Jean Loubignac, modeste cinéaste, se lança dans l'aventure afin de porter l'oeuvre à l'écran. Force est de reconnaître que l'on ne retrouve pas la vigueur loufoque d'un film tel que "Branquignol" mis en scène par Robert Dhéry lui-même. Malgré tout, il y a tout de même en compensation la bonne humeur communicative des acteurs . Même si certains numéros présentés sont un peu laborieux, il n'en demeure pas moins que le tourbillon incessant des gags arrange bien les choses et permet de passer somme toute un excellent moment de détente. Il y a déjà la musique de Gérard Calvi qui colle à merveille aux différentes situations. Mais le bonheur principal que nous réserve ce film est de voir s'agiter devant nous tant de chers disparus qui, sans nous produire le meilleur rôle de leur carrière, possèdaient déjà tant de talents qu'ils arrivent à nous séduire et à nous arracher des rires. Robert Dhéry, le metteur en scène de la troupe n'est certes pas transcendant mais il nous rappelle tant de bons souvenirs avec son épouse Colette Brosset que l'on se réjouit de les revoir dans cette sarabande. Et puis il y a Louis de Funès enfin dans un rôle à sa mesure. Il badine, en rajoute avec ses grimaces, ses tics et son air renfrogné. Déjà à lui seul il attire sans cesse l'attention et on ne peut que rire de bon coeur de ses attitudes qui feront de lui l'acteur que l'on connaît. Michel Serrault fait une remarquable apparition tout comme Raymond Bussières, le plombier de service et Jacqueline Maillan, la directrice du théâtre supervisant le spectacle aux côtés du metteur en scène. Il ne faut pas oublier également le chanteur vraiment très amateur interprété par Francis Blanche, lequel participa également au scénario et Jacques Legras, présentateur balourd ponctuant ses annonces par un "et youpi !" ridicule et risible.


Sans être un chef-d'oeuvre, ce film de Jean Loubignac et surtout cette pièce de Robert Dhéry nous font passer un franc moment de bonne humeur entre autres par le caractère un peu suranné de l'ensemble. Et puis avec de tels interprètes, même un film moyen devient bon, rien que pour le plaisir de les voir s'amuser avec nous et youpi !

Grard-Rocher
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le 26 avr. 2013

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