Un film visionnaire, épatant mais inégal

Je vais être direct : Akira est un excellent film d'animation japonais. Beaucoup avant moi se sont déjà étalés sur toutes ses qualités : l'animation et la mise en scène n'ont pas vieilli, alors que la différence entre les années 80 et notre époque pourraient se faire sentir. Les couleurs sont bien utilisées et le jeu de lumière se révèle très efficace. De surcroît, la musique, tantôt oppressante, tantôt envoûtante, constitue une mélodie qui accompagne bien les différentes scènes. En particulier, les courses à moto, élément récurrent du film, sont particulièrement bien rythmées.

De plus, Akira se veut ambitieux et visionnaire. En ce sens, la première partie fait un sans-faute : l'introduction est terrifiante. On nous présente un Néo-Tokyo très réaliste dans son ambiance sombre et oppressante. Inévitablement, un sentiment de malaise peut s'emparer du spectateur non averti. C'est une ville dure, cauchemardesque même, où les personnages, rapidement introduits et destinés à évoluer, subissent âprement les conséquences d'un mode de vie étouffant. Ainsi, le film traite intelligemment de la répression, du terrorisme, des révolutions étudiantes. Les citoyens suivent un héros sans savoir qu'il n'en est pas vraiment un, tant ils veulent retrouver leur liberté perdue par l'ultra-sécuritarisme résultant d'une guerre dont nous avions peur à l'époque.

Puis vient la deuxième partie, et malheureusement, j'y ai beaucoup moins accroché. Le message du film était entièrement transmis lors de la première moitié. Ici, la deuxième heure s'éternise inutilement sur un conflit dont on connaît déjà l'aboutissement pour s'achever sur un délire gore et poétique qui m'a laissé de marbre. C'est d'autant plus frustrant que j'étais prêt à adorer ce film, mais un sentiment de lassitude s'est installé en moi à la confrontation entre Kaneda et Tetsuo. Bien sûr que je comprends la détresse des protagonistes, mais était-ce vraiment inutile de prolonger encore et encore, là où la première partie avait su transmettre intelligemment les thématiques ?

Je ne sais pas comment je me souviendrai d'Akira. Il est clair qu'il ne laisse pas indifférent et qu'il demeure d'actualité. Cependant, je m'en remémorerai malheureusement comme un film dont la deuxième partie entache la première...