Akira
7.9
Akira

Long-métrage d'animation de Katsuhiro Ôtomo (1988)

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"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", disait oncle Ben. Voici donc un film qui illustre bien cette citation, avec le personnage de Tetsuo qui laisse grandir un pouvoir obscur en lui, finissant par s'y abandonner complètement.


Si Akira peut faire office de réflexion sur le pouvoir et la vengeance, ses ambitions sont potentiellement bien plus vastes, et je ne peux d'ailleurs pas me targuer d'avoir tout saisi lors de ce premier visionnage.


Tetsuo est un personnage extrêmement ambigu. Il est difficile d'affirmer avec certitude s'il est pleinement conscient de ses actes, de s'il sait toujours faire la différence entre le bien et le mal : ça, c'est l'ivresse que confère les pleins pouvoirs. Au même titre que le côté obscur devient épanouissant pour Anakin tout en lui étant néfaste, l'énergie ronge Tetsuo. A ce moment-là, difficile de savoir si c'est simplement l'énergie, en tant qu'entité, qui prend le dessus, ou si c'est la rage qu'a accumulé Tetsuo durant ses difficiles années de jeunesse qui le pousse à se venger.


Je ne trancherai pas, connaissant trop peu Akira, mais ça ne m'étonnerait pas que ce film fasse l'objet d'une critique sociétale, en se servant des conditions délétères dans lesquelles Tetsuo a évolué, dans cette ambiance dystopique post-guerre, pour dénoncer un monde inflexible aux ambitions inhumaines. Cette ambiance est nourrie d'une animation d'exception, colorée, fluide et dynamique, et la puissance de l'image peut encore impressionner aujourd'hui, alors même que l'on sait que le film a plus de trente ans.


Bien entendu, je pense que l'on fait bien mieux aujourd'hui au niveau des techniques d'animation. C'est aussi pour cela que le jeune public ou les néophytes comme moi auront probablement moins la sensation d'être transporté, comparativement aux spectateurs des années 90. Tout de même, il a tant impressionné à l'époque qu'il a grandement contribué à crédibiliser et démocratiser la jap-animation en France, ce n'est pas rien.


La profondeur d'Akira pourrait cependant encore être percutante. L'univers est relativement vaste, la fin très ouverte (Jodorowsky lui-même revendique avoir suggéré cette fin, en étant saoul), le mystère sur l'identité-même d'Akira est entretenu longtemps, et même lorsqu'elle nous est dévoilée, tout reste assez obscur.


Assez unique dans son esthétique cyberpunk très stylisée et par la puissance de ses images, Akira deviendra le porte-étendard de l'animation japonaise en Europe ; un film incontestablement important culturellement et politiquement, mais que l'on regarde déjà comme une relique ; j'aime bien le film, mais je ne l'aime pas tant pour ses qualités de film que pour son influence notoire.


Note à moi-même : le second doublage VF a l'air très bon, peut-être qu'il permettra une compréhension meilleure que ne le permet la Vost.

Monsieur_Cintre
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le 3 oct. 2020

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Monsieur_Cintre

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