Alabama, où les ciels sont si bleus

Ne vous fiez pas trop aux sourires qui irradient les visages avenants des interprètes, ni à la musique country entraînante et omniprésente, il s'agit de deuil, de séparation et de désespoir qui vont vous émouvoir durant la majeure partie d'Alabama Monroe.


Du sex-appeal de Monroe


Soyons clairs: si le titre original avait été maintenu, La Cassure du Cercle Brisé(!) le film serait resté confiné aux rares amateurs fréquentant les petites salles d'arcs et des cercles. Bravo donc aux services marketing qui ont bien manœuvré pour trouver un titre mélangeant exotisme et érotisme, la photo de l'affiche renforçant le titre, et ne donnant qu'une envie, celle de découvrir la demoiselle Alabama Monroe et ses tatouages de face.


Alabama des gens heureux


Tout commence par une belle rencontre: celle d'un fou d'Amérique et de bluegrass (le film se passe pourtant dans le Flandres) et d'une jolie tatoueuse couverte de tatouages et ayant les mêmes goûts que lui. Et quand la belle lui susurre à l'oreille avec l'accent du sud des States :«Tous mes plus beaux rêves à moué sont tatoués» le musicien tombe immédiatement amoureux et ne peut plus contrôler le manche de son banjo.


Du puritain de Bush


Nous voyons ensuite apparaître une jolie petite fille. Mais le destin est parfois injuste. La maladie de la petite provoque éloignement, rancœurs, accusations insupportables. Le réalisateur de Belgica excelle dans la description minutieuse des processus de délitement d'une relation. Didier ne rencontre que crispation religieuse du côté de son ex-idole Georges Bush sur la question de l'interdiction des thérapies avec les cellules souches et convertit sa détresse en prises de positions tranchées et absconses.


Alobama sans réponses


Elise est complètement imperméable aux imprécations de son ami sur les cellules souches. Elle se réfugie dans un imaginaire dérisoire. Elle en vient bientôt aux solutions radicales. Elle recouvre le tatouage avec le nom de son copain pour le remplacer par celui d'un coyote sans tête. Le renvoie à ses études sur le bluegrass. Et multiplie ensuite les tentatives de suicide. Par un raccourci trop rapide, la voiture lieu des ébats amoureux du début est remplacée par la perfusion dans une ambulance à la fin du film. Présence inconsciente d'un châtiment divin?


L'Améritude des choses


Alabama Monroe semble s'inscrire surtout par sa musique dans une fascination répandue pour l'Amérique hégémonique. Mais en y regardant de plus près le goût de la fête, le partage entre potes, voire les beuveries, présents dans les autres films de Félix van Groeningen s'inscrivent dans la pure tradition flamande. En même temps que le goût pour le macabre qui est l'autre versant de cette même culture et qui, même s'il en est fait usage avec tact, est ici un peu trop largement exploité à mon humble avis.

Zolo31
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le 17 févr. 2017

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