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Lancé dans la foulée comme nombreux autres projets de réadaptation live des films d’animation de notre enfance de la compagnie Disney, Aladdin n’a pas tardé à relever de la mauvaise farce dés que nous avons eu le droit à l’annonce du casting et aux premières images du teaser. On pourrait espérer une réaction du public puisque la première bande-annonce a enclenché un tel vent de mécontentement (y compris avec toutes les moqueries autour du Génie et de Will Smith, et il y a de quoi) que Disney a voulu faire oublier ça en lançant la bande-annonce de La Reine des Neiges 2 au plus vite.


L’autre mystère autour de cette grosse enjambée de choix douteux est l’enrôlement de Guy Ritchie derrière la caméra pour tenter d’animer ce petit monde. N’importe quel cinéphile ayant vu ses Sherlock Holmes ou son Snatch se questionnera sur sa présence tant on comprend difficilement comment il pourrait être dans son élément avec la politique du studio à rouvrir les vieux cartons pour transposer leurs films d’animation en Live tout en restant calqué sur eux avec un minimum de camouflage pour tenter de se soustraire des reproches.


Dans le cas présent, quasiment toutes ces réécritures, s’ils ne sont pas juste inutile, vont contribuer à déconstruire au fur et à mesure ce qui fait que le film de Musker et Clements est de très loin un bon film.


A commencer par Jasmine (portée par une Naomi Scott à peine expressive) dont la sortie hors du palais est réduit à une simple escapade en catimini et non plus à une fuite de sa condition de princesse à marier n’ayant pas son mot à dire sur le mariage arrangée.


Le film ne se reposant que sur une chose pour conserver ce trait de caractère qui la rendait appréciable dans le film d’origine : la chanson Speechless qui, si elle reste écoutable grâce à la bonne performance vocale de Scott, nous l’enfonce avec la finesse d’un coup de tampon sur la gueule.


Lorsque l’on voit Aladdin pénétrer dans le palais royale avec une facilité affligeante (sans déconner, ils ne sont pas aveugle à ce point là quand même) et retrouver Jasmine pour lui rendre sa broche en or, tout ce pourquoi on attendra leurs retrouvailles s’envole aussitôt. Tout deux ont eu le temps d’échanger à deux reprises mais la première rencontre s’est finie sur une mauvaise note et la seconde ouvre une piste qu’il n’explorera pas. Partir sur une autre manière de développer leur relation que par une rencontre éphémère comme le premier film, c’était pas idiot sur le papier et si le film n’était pas obstiné à copier 95% du film d’animation, on aurait pu redécouvrir leur romance différemment. Mais non, finalement ça n’aboutira à rien.


Aladdin ne s’en tire pas mieux, d’abord parce que Mena Massoud a une gueule beaucoup trop lissé pour faire un vaurien crédible (dissimulant la valeur d’un diamant d’innocence je rappelle) et donne envie de recevoir des claques. Mais en plus de cela, on a bien plus de mal à croire qu’Aladdin veut conquérir Jasmine en se faisant passer pour prince parce qu’il a honte de ce qu’il est et que son statut social le rend inaccessible à elle.


Vu qu’il est capable d’entrer facilement dans le palais, on ne voit plus beaucoup d’utilité à utiliser un vœu pour en faire un prince si ce n’est que pour entrer plus facilement au palais. La seule chose qu’on en retient c’est son manque d’assurance flagrant utilisé à mauvais escient (comme comparer la valeur des biens de luxe qu’il apporte à celle de Jasmine ou faire du breakdance durant les festivités du soir alors qu’il devait danser en duo avec Jasmine).


Quand à Jafar, c’est de la trahison pure et simple. Déjà parce que l’interprète est tellement quelconque qu’on n’irait jamais imaginer qu’il puisse être ce grand Vizir à la prestance et à l’excentricité qui faisait tout son charisme. Mais en plus toutes ses méthodes sont devenues quelconque.


Et il n’a même pas le droit à sa scène de gloire puisque son coup d’état n’a aucun impact sur tout Agrabah et se retrouve limité à l’intérieur d’un palais, comme si c’était juste une petite crise passagère réglé d’un revers de la main.


Luke Evans n’était pas glorieux non plus en Gaston dans le remake de Bill Condon mais avait au moins un petit plus pour faire preuve d’un peu de présence, là on a rien du tout.


Le casting du trio n’est déjà pas exemplaire, le reste varie entre la sous-exploitation de Billy Magnussen, un Navid Neghaban inexpressif et Alan Tudyk qui n’a rien sous la main pour apporter quoique ce soit à un Iago numérisé et transparent. On ne peut que se poser la question du choix de casting de ce beau monde quand on voit ce que ça donne dans la direction.


On se pose même la question : ou était Guy Ritchie durant le tournage ? Sérieusement, autant sa relecture de la légende Arthurienne était en roue-libre totale et était une bouillasse d’inspiration tape à l’œil, autant là il s’efface complètement pour une réalisation téléfilmesque dés son plan-séquence d’introduction au sein d’un Agrabah lissé et dépossédé de la grandeur dont on attend. Ses réveils sont rarissimes à l’image de Friend Like Me ou il y a un effort de montage malgré la très mauvaise qualité des CGI, et sa mise en image confirmera que transposer un film qui tirait parti des possibilités technologique en animation pour toute créativité visuelle, ne peut pas fonctionner en film live.


La séquence Prince Ali en est la preuve formelle puisque l’arrivée en fanfare et dantesque d’Aladdin en prince est réduit ici à un petit carnaval du dimanche tellement limité par le cadre, les angles et le montage de la séquence que ça en est mou du genou. Même Will Smith ne se lâche pas autant qu’on voudrait le croire, et surtout par rapport à Richard Darbois (la voix française du Génie dans le film d’animation) ou Robin Williams, il fait très pâle figure puisqu’il ne fait que s’auto-caricaturer une fois de plus. Ou est la créativité visuelle là-dedans ? Comment ressentir cette arrivée comme un événement dans Agrabah en réduisant le point de vue à une rue en courbe et un cadre si resserré ?


Parce qu’à vouloir être proche du film et opter pour une direction artistique qui veut reproduire le style coloré du dessin animé, rien ne fait authentique. Les couleurs sont moches, les décors faibles et lissés quand ils ne sont pas juste repris (la tête du gardien de la caverne au merveille), et les costumes font constamment cosplays à vouloir imiter la direction colorée du film, mais là encore il faudrait accepter que ce qui passe en animation ne passera pas comme une partie de marelle en prise de vue réelle. Le design du Génie en est la preuve tant l’incrustation numérique est foireuse et donne l’impression d’une modélisation amateur, alors qu’on est face à un film qui a coûté près de 180 millions de dollars.


Et si les chansons ne sont pas affreusement reprise, ça reste triste de voir Alan Menken s'effacer souvent au profit des retouches inutiles et qui dessert l'ambiance générale. Comme le beat box sur Friend Like Me... pour ne citer que ça.


Se plaçant dans ce qui fait de plus bas dans les remakes actuels du catalogue Disney, inutile dés son annonce en plus de cumuler un grand nombre de mauvais choix. Que ça soit la réécriture desservant le classique, le casting à la ramasse, Guy Ritchie qui semble entamer une mauvaise pente ou encore la direction artistique plus proche de déguisement de luxe pour un téléfilm coûteux que d’un film, je vois difficilement ce qu’on peut y trouver si ce n’est qu’une forme de nostalgie manipulatrice. Et ce n’est malheureusement pas de si tôt qu’on va en être débarrassée.

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