ALATA, « obscurité » en hébreu, avec de petits moyens, parvient toutefois à dépeindre de manière plutôt réussie, une réalité peu ou pas connue des occidentaux que nous sommes > lorsque que tu es gay et palestinien, tu sais que ta vie ne sera pas un long fleuve tranquille. Il suffit de voir ce qu’il advient du personnage de Mustafa au début du film.


Nimer, jeune palestinien cultivé « fuit », à travers ses études en Israël, la dure réalité d’être homo en terre musulmane, c’est à dire de l’autre côté de la frontière, en Cisjordanie. Il a un laissez-passer, un trésor dans cette région du monde, mais hélas un temps seulement.


Cultivé et introverti, il pense avoir trouvé dans « la bulle » de Tel-Aviv une porte de sortie pour être lui-même. L’amour passe par là, le film joue la carte de la romance, la symbiose entre les deux acteurs principaux est juste : Nimer rencontre Roy, un jeune avocat juif de famille aisée. Très vite le contexte socio-politique enserre tel un étau les amants. Leur petit nuage rose ne résiste pas aux réalités : haine viscérale entre certains membres de deux communautés, secrets trop lourds pour être cachés, poids de la religion, trafic d'armes, meurtre.


Nimer va se sentir de plus en plus « apatride », rejeté par les siens – son frère le « tue » symboliquement – il va très vite être persécuté par la police secrète israélienne qui souhaite en faire une balance puisque son orientation sexuelle est l’arme d’intimidation suprême. Si on le renvoie dans sa communauté, il sera certainement tué pour « l’honneur ».


Sur les quinze dernières minutes, le metteur en scène joue la carte du thriller : dans la nuit et de par les rues, Nimer se cache et Roy tente le tout pour le tout, quitte à détruire sa position sociale pour aider son compagnon à fuir une terre qui n’acceptera jamais sa nature.


Le métrage est trop court pour développer tous les messages qu’il prétend délivrer, un peu de précipitation dans le scénario tant les sujets graves mêlés à des moments de douceur sont complexes dans le format 95 minutes, mais le réalisateur, Michael Mayer, souhaite avant tout dépeindre un drame humaniste, une histoire d’amour malmenée par le regard des autres (surtout de la famille juive ou musulmane) plutôt qu’un film « politique ».


Les derniers plans sur Nimer sont quasi énigmatiques, est-ce le début ou la fin… d’un amour ?


Dans son modeste format, ALATA, émeut parfois, bouscule certainement notre pseudo confort occidental, mais il appuie souvent là où ça fait mal - comment les croyances, les traditions, la haine ordinaire broient l'individu, dès que celui-ci n'est pas considéré conforme. Sans trop d’esbroufe, le film interroge.


A voir en complément de ALATA, la « version réelle » de la situation des gays palestiniens dans le film-documentaire INVISIBLES – 2012 - de Yariv Mozer, en 68 minutes la claque est puissante et la détresse humaine palpable au détour d’un simple regard. Plus qu'émouvant. 10/10

nate6691
7
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le 3 nov. 2017

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