La particularité de cette nouvelle monture d'Albator, c'est que chacun peut y voir ce qu'il souhaite : reboot qui se suffit à lui-même, remake inspiré de la série de 78 ou tout simplement une sorte de substitut de conclusion à cette dernière (en acceptant le fait que les Sylvidres auraient été remplacées dans l'histoire par la Coalition Gaia). C'est cette dernière option que j’ai choisi, même si j'y ai plutôt vu un épilogue ultime à l'ensemble de l'œuvre de Leiji Matsumoto. On retrouve donc ces personnages si chers à notre enfance, que le poids des années a quelque peu changé... Ainsi, Albator est plus sombre que jamais et résolu à transgresser ses principes pour assurer la victoire, Alfred est devenu plus grand (magie ?) et réfléchi, Nausicaä est maintenant résolument décontractée et a gagné du boob, tandis que Clio copie cette dernière en exhibant fièrement son string (effet de mode oblige) sous une robe moulante transparente.
C'est très regrettable que le personnage d'Albator ne soit finalement qu'une ombre parmi les membres de son équipage, en n'ayant pas plus d'épaisseur ni de présence que ces derniers. Mais là où le bât blesse davantage, c'est que le personnage le plus mis en avant est un nouveau qui a été spécialement créé pour le long-métrage. Même si le conflit entre Yama et son frère apporte un enjeu dramatique certain, il a tendance à nous frustrer du fait qu’il prenne beaucoup trop de place dans le récit, aux dépens du reste. On subit donc un peu le film par moment. Un sacrilège pour une adaptation qui promettait d’être entièrement dédiée au célèbre corsaire de l'espace et que l’on espérait pleine de promesses. Les méchants trop lisses et dénués de véritable charisme font aussi regretter amèrement les Humanoïdes et les Sylvidres, ce qui est très préjudiciable car un bon méchant fait souvent la différence.
Concernant le graphisme, il est efficace mais pas vraiment extraordinaire non plus (la série Clone Wars fait beaucoup mieux dans le même style). On se demande d’ailleurs ce que James Cameron a pu trouver à l'animation, qui fait plus penser à des animatiques de jeux vidéo qu'à autre chose. La musique est malheureusement trop passe-partout, ce qui a pour effet d’amoindrir considérablement le côté épique de certaines scènes. Quant à la dimension philosophique et poétique qui avait fait le succès des séries animées, elle disparaît totalement au profit d'une action répétitive et d'enjeux souvent confus. Un exercice périlleux, qui dans le processus aura définitivement fait perdre son âme au héros et à l'univers mélancolique qu'on lui connaissait.
Cette énième réactualisation d'Albator semble donc au final bien inutile, n'apportant rien de neuf à la mythologie déjà très riche du personnage. Le seul intérêt du film réside hélas en la contemplation hébétée des formes désormais siliconées de Nausicaä. L’unique rêve que nous vend le film se limite donc quasiment à sa seule présence, il faudra donc s'en contenter. Seuls les néophytes pourront peut-être y trouver leur compte, et encore. Que de potentiel gâché...