Avant tout, cet Albator est une fantastique claque visuelle; autrement dit en 2013 ce que Final Fantasy VII Advent Children fut en 2005: la quintessence du film en image de synthèse. Même Starship trooper 4, produit de la même façon et épisode de bonne facture, n'atteint pas un tel niveau de spectacle.
Tout dans la modélisation des paysages, vaisseaux spatiaux et protagonistes évoquent un soucis minutieux du détail et de la beauté artistique (vous risquez d'avoir une petite overdose de laser multicolores à la sortie de la séance mais bon). Le thème de l'illusion est également souvent employé dans la mise en scène, pour un rendu plutôt sympathique.
Captain Harlock, Albator, nous revient plus classe que jamais, avec son trench coat noir, son jolly roger, son piaf et sa cape qui claque au vent toute seule. S'il est vrai qu'il prend un peu trop la pose, notre capitaine au cœur droit se distingue aussi par le scénario qui lui est accordé dans ce film: un être tourmenté, maudit, qui n'accepte pas avoir commis d'immenses erreurs par colère, et cherche une impossible rédemption.
Le reste de son équipage prend également une place adéquate, et même si les figures d'antagoniste (ex: un conseil de vieux cons qui dirigent une fédération dictatoriale) n'ont rien d'originaux, le background en entier se tient très bien.
Car avec la coalition Gaia, qui muselle une humanité en perdition à travers les étoiles, l'univers de space opera ci-développé est attractif et cohérent. On appréciera entre autres le twist du long-métrage, l'histoire de la guerre du retour, la technologie des Nibelung ou encore la naissance du projet Deathshadow. De plus, toutes les technologies employées par les forces de Gaia et d'Albator -si elles demeurent dans le champ de la pure fiction- témoignent d'une créativité assez fascinante (ex: le kaleido star).
Enfin, cet Albator reste très proche de la saga d'origine par son croisement si particulier des genres: un univers de space opera efficace croisé avec la culture pirate du 18ème siècle (le jolly rogger, les abordages au grappin, les salves de canons, le gouvernail… et jusqu’à l'oiseau niché sur l'épaule d'Albator).
Bien sûr, comme toute adaptation de manga, le scénario comporte son lots de trucs pas vraiment logiques et d'actes incohérents. Mais ces écarts sont assez vite rattrapés par la fiction, le spectacle stellaire et la figure d'Albator, capitaine charismatique s'il en est. Ainsi, n'oublions pas bien sûr les batailles de vaisseaux spatiaux, impressionnantes, où l'éperon "tête de mort" de l'Arcadia défonce un peu tout ce qu'il rencontre (badassitude qui peut en partie se comprendre avec l'histoire). Mais surtout un festival de canons de cuirassés spatiaux, de lasers, d'accélérateurs à particules géante et de constructions astronomiques… beaucoup est fait dans la démesure, et n'est pas pour déplaire.
Un plus à ce sujet: La 3D est réussie et pertinente. A l'instar de Tron Legacy -film également majoritairement conçu en images de synthèse, cette technologie si enclin à l'arnaque porte ici une véritable valeur ajoutée à Albator; notamment dans ces joutes spatiales de l'Arcadia.
En outre, Albator recèle des musiques de grande qualité (on appréciera tout particulièrement l'héroïque "Captain Harlock Theme"), tandis que les doublages français sont toujours empreints de défauts et de phrases "qui ne font pas très français" ou "qui ne font pas très naturels". Mais honnêtement, en terme de traductions de la japanimation, on a déjà vu bien pire.
Visuellement au top et scénaristiquement plutôt travaillé, Albator termine en beauté ce cru cinéma 2013; spectacle de haut niveau pour les trentenaires nostalgiques ou pour tout geek curieux de le voir.
James Cameron ne s'était pas (trop) trompé.
7,5/10
