Entre génie, comique et nanar, Alexandre Nevski est un film malade ainsi qu'une énorme déception personnelle.


Pourtant, je n'aborde que rarement un film avec de l'espoir ou des attentes, préférant voir la proposition du cinéaste.
Mais sortant de La grève, Le cuirassé Potempkin et Octobre, cette collaboration entre le montage d 'Eisenstein et la musique de Prokofiev ne pouvait que m'allécher.
Je m'attendais à un grand film épique, peut être pour avoir d'abord connu la musique de Prokofiev, que m'a faite vomir en bande originale du film.
C'est une véritable douche froide.


Ce film souffre terriblement d'être une commande de propagande.
Je n'ai rien contre les commandes de propagande, quand dans les films précédemment cités, elle sert le film. Elle est un riche terrain de jeu pour Eisenstein, qui par ses expérimentations, réussi merveilleusement à galvaniser le spectateur et haranguer le peuple à prendre sa fourche.
Mais voilà, ici Eisenstein à été complètement policé, à la botte, et a même été privé de son outil préféré, son merveilleux montage intellectuel.
Le film est alors passé au service de la propagande, menée d'une manière complètement grossière et en résulte une schizophrénie, alternant génie et nanar.
Je veux dire, lorsqu'on nous promet une bataille épique, que ça commence avec une charge impressionnante, que le suite direct est une bataille de collégien, puis surgit le génie de Sergueï qui redonne un souffle épique, pour juste après voir une hache rebondir sur un casque comme du carton pâte, ça me déclenche des fous rires.
Alors certes, dans toute cette comédie il y a une volonté que je comprends très bien, celle de ridiculiser l'opposant allemand. Mais il serait bien de ne pas ridiculiser le film avec.


Le film est également gangréné par le fétichisme de Staline, pour un homme à la grande taille, au beau visage, cheveux blonds et forte stature.
Hormis son entrée en scène de pêcheur que j'ai beaucoup aimé et raconte parfaitement l'esprit du personnage, je trouve qu'il empoisonne le film.
Revenons au côté schizophrène, lors de la grande mobilisation il y a ce plan d'une grande puissance, ces torches levées à l'unisson, et cut, un plan pied tout plat sur Alexandre prenant la pose, pour que Staline se branle sur sa figure idéale.
Toute cette schizophrénie engendrant fatalement un problème de rythme.


Mais parlons d'un point que j'ai beaucoup aimé pour sa qualité, ce ciel qui prend constamment les deux tiers à trois quarts du cadre, comme pour nous mettre, non pas à hauteur d'homme, mais à hauteur du peuple.
Voilà, c'est tout.


Nous avons donc un film malade à un stade très avancé, avec quelques belles trouvailles tout de même, d'un réalisateur dont je doute qu'on puisse l'en qualifier sur ce métrage qui au final est une bonne blague, que je ne regrette pourtant pas d'avoir vu, mais plutôt, et c'est rare, d'avoir supplanté un film qui aurait pu être des plus épique, des plus grand.

xaiy
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le 10 mai 2021

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