Résurrection

Gros succès en son temps, c’est le dernier film de Michael Mann qu’il me restait à voir. On suit Mohamed Ali depuis le début des années 1960 jusqu’au milieu des années 1970. Outre ses victoires sur le ring, le film s’intéresse au portrait d’un homme engagé. Un bon biopic, c’est un film qui sait raconter un contexte aussi bien que son personnage. Il s’agit ici de proposer une lecture en creux de l’Amérique des sixties. On voit donc les inégalités et les discriminations, la lutte pour les droits civiques, l’évocation de Malcolm X et de Martin Luther King, la guerre du Vietnam et le mouvement pacifiste. C’est surtout la première moitié du film qui va mettre en avant tous ces éléments de contexte. Au milieu de ce magma, il y a donc Ali, l’homme debout. Fier de qui il est et droit dans ses convictions y compris quand il faudra les assumer jusqu’au bout. Mais au-delà du héros de la cause, c’est aussi le portrait d’un personnage plein de contradictions ou plutôt d’imperfections. De fait, le film nous présente un personnage aussi impressionnant qu’insupportable, aussi drôle qu’agaçant. A titre personnel, je préfère de loin la première partie du film à la deuxième quand celle-ci s’immisce davantage dans la vie privée d’Ali ou quand ça traîne un peu en préparation d’un match légendaire en Afrique. A la mise en scène, c’est plutôt sobre mais on retrouve ici ou là la patte de Mann dans ces plans nocturnes à l’éclairage naturel tournés en caméra numérique, la patte que j’aime. A l’interprétation et sans connaître réellement Mohamed Ali, on aime le jeu plutôt subtil d’un Will Smith qu’on avait jusqu’alors peu vu dans le registre dramatique. Un bon biopic donc, même quand comme moi on n’est pas fan du genre.