Affligeant. Navrant. Consternant. Ce sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit à la vue de cette pochade qui ne fera rire que les adolescents ou les adeptes de la culture geek. Pourtant on avait aimé « Babysitting » premier film de cette bande venus de la petite lucarne ; un film qui soufflait un vent de nouveauté sur la paysage de la comédie française. C’était frais, drôle et inventif quoiqu’un peu inspiré du found-footage et d’un certain humour qui tache à l’américaine. La blague fut de courte durée tant la suite répétait tristement la recette du premier avec juste plus de budget et surtout un côté excessif pas toujours crédible ni vraiment réjouissant.
Ici la bande de Philippe Lacheau réalise le film de façon traditionnelle et déjà le bât blesse. En caméra à l’épaule, pas besoin de beaux cadrages et d’une mise en scène un tant soit peu esthétique puisque l’intrigue justifiait cette façon de filmer. Ici, on voit bien que le comédien/réalisateur n’a absolument pas la carrure d’un metteur en scène digne de ce nom. Les images sont laides et mal cadrées, il y a des problèmes de raccords et de montage, si bien que son « Alibi.com » pourrait formellement postuler à une sitcom sur une chaîne du câble. De plus, le rythme est totalement hystérique comme si on voulait masquer la vacuité d’un scénario prétexte à un enchaînement de gags au goût douteux.
Parlons du scénario. On se croirait dans un mauvais vaudeville comme pouvait en réaliser le Jean-Marie Poiré de la mauvaise période du type « Ma femme s’appelle Maurice » mais à destination des adolescents, peu regardants quant à la qualité et l’intelligence de l’humour qu’on leur présente. Ne parlons pas des incohérences qui jalonnent le film et du trop-plein de coïncidences qui rendent la crédibilité de cette comédie totalement caduque. Tant et si bien qu’à la moitié du long-métrage on sature déjà de cette histoire sans queue ni tête et à l’humour ras des pâquerettes. En passant on n’oublie pas de racoler les jeunes en saturant le film de références péremptoires allant de « Fast and Furious » à « Assassin’s Creed », alors que ce dernier n’était même pas sorti au moment du tournage.
Dommage, car quelques répliques font tout de même mouche et le postulat n’était pas sans intérêt mais il est bien trop vite abandonné et devient juste le prétexte à des caméos de luxe venus s’amuser. Certains gags font en revanche pitié à voir et on hésite entre la gêne et le dégoût comme si le film validait le fait que ce type d’humour n’est vraiment bien fait que par les seuls américains (la scène de la branlette avec Philippe Lefebvre en ligne de mire). D’autres moments censés être drôles sont la répétition de gimmicks vus dans les deux « Babysitting » (le chien, le gamin, …) et le mélange avec l’humour bien franchouillard ne prend décidément pas. Bref c’est très bête, vulgaire et agaçant et on se demande ce que Nathalie Baye est venue faire dans cette galère. Le pire c’est que le film risque de cartonner, montrant bien le niveau actuel en matière d’humour chez nous. A fuir pour le bien-être de nos neurones !