Film de franchise franchement faussement fantasmagorique...

Non sans une certaine fébrilité de découvrir le nouveau Burton saupoudré d'un zeste de Disney, nous voila installés dans la salle sombre et dotés de ces lourdes lunettes permettant de profiter pleinement du pays des merveilles aux côtés de la fraiche et ravissante Alice. Peut être serait il un peu précipité de parler de merveilles. Car, au delà des étincelles artistiques, le film tant attendu laisse un gout amer, un "je ne sais quoi" imperceptible qui nous empêche de vanter haut et fort une ode à l'onirisme.

Si Alice au Pays des Merveilles est loin, très loin de dépasser d'autres productions burtoniennes telles Big Fish ou Edward aux Mains d'Argent, il n'en reste pas moins un film tout à fait acceptable, doué sur de nombreux points, avec un design haut en couleurs et des scènes magiques et extrêmement variées sur le plan graphique. De ce côté là, pas grand chose à redire (si ce n'est quelques mauvaises incrustations d'images et des personnages numériques aux textures parfois grossières, mais rien de bien gênant). Aussi, les rôles de la charmante Alice, du déglingué Chapelier Fou ou de l'impitoyable Reine Rouge sont magnifiquement bien interprétés (Mia Wasikowska, Johnny Depp, car on ne change pas une équipe qui gagne et Helena Bonham Carter).

Mais un univers dénué de codes, peuplé de créatures qui s'agitent comme shootées à l'héroïne en philosophant, peut il suivre avec une telle chronologie une quelconque logique narrative ? Surtout lorsqu'elle concerne le domaine si intimiste qu'est le rêve ? Carrol avait comprit que non. Burton a comprit Carrol. Mais rendons à César ce qui lui revient de droit. Burton ne réinvente pas ce monde si singulier : il le fait rentrer dans le rang de n'importe quel film fantastique, en y ajoutant des éléments "personnels" et pas follement fantasmagoriques comme un chien tout à fait trivial ou une nouvelle reine très très gentille, histoire de donner au récit un sens familial. Alors, qu'on n'aille pas clamer que Burton n'a subit aucune influence de chez Disney, ça non (il n'y a qu'à prendre un exemple, comme la structure du château des deux reines. Il ne vous rappelle rien peut être ?). Poétique, visuellement oui. Onirique ? A voir. Un scénario bien trop calibré et calculé pour représenter les folies qui envahissent notre sommeil.

Cet Alice au Pays des Merveilles est il véritablement à considérer comme une suite logique ? Assurément, je répondrai également par une négative. Quand on se souvient du chef d'œuvre de Disney de 1951, si déjanté, si imaginatif et sans véritablement de sens scénaristique (le rêve, quoi), on se demande encore si celui de Burton n'aurait pas du être un remake. Franchise, ton univers impitoyaaableuh...
AjeFersen
6
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le 21 mai 2012

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AjeFersen

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