Je l’avoue, mon entrain pour cette "Alice" burtonienne était déjà proche du néant avant mon entrée en salle. Pourtant les premières minutes ont bien failli me faire mentir. Sobre, réservée et un brin truculente, cette vision revisitée du grand classique de Lewis Carroll avait de quoi charmer : elle laissait presque deviner une déclinaison originale et maîtrisée des célèbres aventures de la jeune ingénue, loin des dégoulineries réchauffées que nous avait dernièrement sorti le jadis grand Tim. Et puis, pouf ! Une dégringolade dans un terrier et voilà que cette « Alice » est au bord de nous enterrer vivant ! Patatra ! Voilà notre Alice plongée dans une bouillie infâme d’effets numériques dans laquelle Stuart Little côtoie un chapelier issu du pire des mangas ; où les robots de la Menace Fantôme défilent devant le château de Mickey ; et – pire encore – où le pays des merveilles se retrouve au final habité par des créatures aux noms tout droit tirés de "Star Wars" quand ce n’est pas la blondinette inexpressive qui joue Alice qui se pare d’une armure et d’une épée en alu afin de combattre un monstre tout droit sorti d’"Eragon". Alors au final, non seulement c’est ultra-laid, mais en plus c’est horripilamment chiant. C’est d’un tel mauvais goût – surtout à la fin ! (…et ceux qui ont vu la danse à la con de Johnny Depp sauront de quoi je parle) – qu’on s’interroge sincèrement sur le fait de savoir si c’est vraiment Tim Burton qui a commis ce film. OK, ses derniers films étaient de moins en moins fameux, mais là quand même c’est l’apothéose de la vomissure cinématographique. Au fond, le sentiment qui m’a habité en sortant de cette "Alice au pays des merveilles" fut de une profonde amertume et une grande tristesse, celle que l’on ressent quand on apprend la mort d’un grand homme. Avec ce film, c’est sûr, Tim Burton nous a quitté après une longue agonie. Paix à son art...