Un petit mot sur Tim Burton avant de parler du film en lui-même. On demande souvent si c'est un bon Burton, ou pas. Mais on oublie souvent que Tim n'écrit pas toujours et que la réalisation -toute ancrée dans un univers et des codes particuliers qu'elle soit- ne fait pas forcément tout. Il n'a d'ailleurs rien écrit depuis Les Noces Funèbres (2005) et l'Étrange Noel de Mister Jack (1993).

Il est donc intéressant de rappeler avant d'évoquer Alice que le scénario est signé Linda Woolverton dont c'est la première histoire écrite en solo. Elle avait auparavant collaboré à l'écriture du Roi Lion, pour Disney aussi.
C'est donc à elle qu'incombe les choix d'Alice au Pays des Merveilles, choix particuliers. En effet, le film de Disney n'est pas une nouvelle version des écrits de Lewis Carroll mais plus ou moins une suite.

En effet, ici, Alice a 17 ans et est sur le point d'épouser un Lord Anglais roux. Elle pense avoir rêvé du Pays des Merveilles, comme si les voyages écrits par Lewis Carroll n'étaient qu'un vague souvenir enfui. Y est-elle vraiment allé ? C'est une des questions que posera ce nouveau voyage, parfois très similaire à l'original et parfois très différent. Très similaire parce qu'on aura droit dans l'ordre aux problèmes de tailles pour franchir une petite porte, aux différents personnages connus etc... Finalement, un peu comme le projet de nouvelle adaptation de Superman, pas besoin d'évoquer à nouveau les origines, on est en terrain connu. Mais ce sera aussi différent car Tim Burton et Linda Woolverton y insèrent l'histoire du Jabberwocky, un poème écrit par Lewis Carroll et peu voire pas exploité dans les précédentes adaptations d'Alice.

On est donc à la fois en terrain connu et inconnu, et Tim Burton en profite allégrement pour offrir de plus grands rôles à ses acteurs fétiches, notamment à Johnny Depp – excellent en Chapelier Fou – qui parvient une nouvelle fois à créer un personnage sans ressembler à ses précédentes incarnations cultes.
Burton, lui, jongle avec ses codes habituels pour assombrir l'univers d'Alice mais sans jamais chercher à dénaturer l'oeuvre, on ne vire pas au gothique idiot comme dans la version d'American McGee (un jeu vidéo devant faire l'objet depuis longtemps d'une adaptation) et certains personnages sont visuellement incroyables notamment le Chat de Cheshire.
Il profitera également de la 3D pour combler les différents amateurs de la technique, entre profondeurs de champs et objets lancés vers le spectateur.

La force du film est donc d'arriver à faire quelque chose de très cohérent entre déjà-vu et nouveautés... sauf la fin ! Sans tout dévoiler, l'ensemble est très sympathique mais la fin rappelle tout ce qui a été fait en fantasy ces dernières années, de Narnia à La Croisée des Mondes. C'est un peu dommage que gâcher un si intéressant univers par une fin sans la moindre originalité.
Niveau « non-originalité », n'oublions pas de mentionner un Danny Elfman pas toujours bien inspiré et donc les thèmes rappelleront un peu trop certaines musiques secondaires de Batman.

Au final, Alice est au Pays des Merveilles est un film à voir car seul Tim Burton semble actuellement capable de mettre en scène l'univers de Lewis Caroll. Cependant, il est plombé par une fin manquant clairement d'originalité dans l'écriture, beaucoup trop classique. Un souhait de Disney d'y glisser de l'action et un happy end ?
J'aurai été curieux de voir ce qu'aurait fait un Tim Burton complétement libre et en charge de l'écriture de son propre film.
cloneweb
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le 15 mars 2010

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