Le conte de Lewis Carroll a plusieurs fois été porté à l'écran,la version la plus célèbre étant le dessin animé Disney,mais avec Tim Burton aux commandes du projet,ça donnait vraiment envie.On connait l'habileté du cinéaste à s'emparer d'histoires pour enfants et d'en faire des films appréciables par les adultes en en soulignant les aspects cruels et délirants,ainsi qu'il l'avait fait avec "L'étrange Noël de mr. Jack" ou "Charlie et la chocolaterie".Surtout que l'oeuvre de Carroll,sous-tendue par la psychanalyse et la psycho-sexualité,se prêtait particulièrement à l'exercice.Mais voilà,c'est encore Disney qui produit le film,ce qui donne comme à l'accoutumée un produit édulcoré.Alors oui,c'est très beau.Des décors magnifiques,des couleurs flashy,une image léchée,des personnages extravagants,des effets numériques bluffants,tout ceci allié au savoir-faire de Burton pour dépeindre des ambiances victoriennes,ça donne un spectacle chatoyant qui procure un plaisir automatique.Mais ça n'est que ça,car le scénario ne propose rien d'autre qu'une énième intrigue façon heroic-fantasy glorifiant une élue venant rétablir la paix et la justice dans un monde souterrain en proie à la tyrannie.On se croirait dans "Arthur et les Minimoys",en moins imaginatif.D'autant que le personnage d'Alice,incarné par la pâle Mia Wasikowska,n'est guère séduisant.Indécise,peu intelligente,elle peine à s'imposer au sein de l'univers de Wonderland et de ses habitants déjantés.Et le fait d'en avoir fait une jeune femme,alors qu'il s'agissait à l'origine d'une enfant,gomme à la fois la magie qui prévalait dans le dessin animé et l'ambiguïté qui imprégnait le livre de Carroll.En outre,la suite qui sort cette semaine confirme qu'on est plus dans l'exploitation mercantile d'un mythe cinématographico-littéraire que dans une relecture de l'oeuvre.