Bon bah je suppose que je dois y passer moi aussi.


Donc voici la suite d'Alice au Pays des Merveilles: Alice de l'autre côté du miroir. Scénarisé par Linda Woolverton et réalisé par James Bobin.


Le premier film de Tim Burton était très décrié: trahison de l'univers de Lewis Carrol, acteurs statique ou surjouant à outrance, visuel dégueulasse et histoires bourrées d'incohérences. Cela dit, tout ces défauts avaient au moins une explication. Et le plus gros point noir restait l'histoire écrite par Linda Woolverton qui a au moins réussit l'exploit de faire sortir le cadavre de Lewis Carrol de sa tombe pour faire une danse en hurlant et pleurant son livre sur une table devant un Walt Disney mangeant un gros gâteau vert bien garni...euh...je l'ai peut-être rêvé ça...mais c'était l'histoire le principal défaut du film.


Alors malgré ses défauts, savoir une suite avec James Bobin, un réalisateur qui a fait des films bien fous et la garantie de meilleurs effets spéciaux avec des acteurs mieux dirigés, ça faisait envie et redonnait confiance. ça avait l'air cool non ?...Non. Pas du tout. C'est même pire que le premier film !
Oui le film de Tim Burton, l'odieux film à 1 milliard qui a trahis l'oeuvre de Carrol et encore meilleur. Et vous vous doutez bien que si Alice de l'autre côté du miroir est pire, c'est qu'il a accomplit ce même exploit sus-ci-nommé. Il pisse même encore plus sur l'héritage de ce pauvre Lewis, et sur notre statut de spectateurs par la même occasion.


On commence d'abord par les bons côtés. Parce qu'il y en a qui méritent d'être cités.


Les acteurs sont nettement plus investis dans cette suite.
Mia Wasikowska en Alice est très expressive et sa légère compréhension du Pays des Merveilles la rend plus identifiable de même que nous aussi nous nous habituons à la folie de cette contrée. Et puis elle est beaucoup plus compétente que cette statue de plâtre qui jouait son rôle dans le précédent film (comment elle s'appelait déjà...?)
Johnny Depp est lui toujours à l'aise en Chapelier fou. Rien à redire si ce n'est l'écriture du scénario dont il est victime. Son cabotinage est toujours là mais au moins on s'est habitué au fait que son personnage le fasse aussi.
Anne Hathaway cabotine toujours autant en Reine Blanche par-contre. Et qu'est-ce que ça se complète pas avec le sérieux de son personnage mon dieu ! Mais ça c'est dans l'écriture.
Helena Bonham Carter est elle aussi à l'aise dans son rôle de Reine Rouge. Mais comme son homologue blanchâtre, le problème vient du scénario.
Quant aux animaux du Pays des Merveilles: Le Chat de Chechire, Le Lapin Blanc, Le Loire, Le Lièvre de Mars, le Bandersnatch et Bayard sont bien mieux mis en valeur visuellement que précédemment. La grâce étant pour les effets numériques bien mieux travaillés et l'univers plus coloré (sauf pour les Tweedle, eux sont restés moche, même pour des personnages censés l'être). Mais bon, ils ne dépasseront jamais de chez jamais le stade de comic-relief (et je ne sais pas si ils méritent ce titre vu qu'ils ne sont même pas témoin de l'histoire).
Mais soulignons quand même Absolem. Beaucoup trop absent du film. Doublé par feu Alan Rickman qui méritait mieux comme dernier rôle (Repose en paix vieux frère).
Mais celui qu'on attendait tous c'était bien attendu Le Temps incarné par Sacha Baron Cohen. Et qu'est-ce qu'il en jette. Son design très ressemblant à celui du Docteur N.Tropy dans Crash Bandicoot a le mérite de faire son effet. Mais surtout il est marrant ! Les jeux de mots intelligents sur le Temps fusent à vitesse grand V et son jeu d'acteur déluré attire bien. Ajoute Emmanuel Curtil au doublage et c'est la classe qui ne fait pas perdre le visionnage.


Le problème vient du casting ? Non clairement pas, il fait très bien le boulot. Même si je regrette le gâchis total d'Andrew Scott dans le film (bordel, tu as Moriarty dans le casting, utilise-le !).
(Au fait, quelqu'un a remarqué Richard "Thorin" Armitage dans le casting ?)


Le visuel est vraiment très riche. C'est cool de voir autant de couleurs là où le premier film était terne et les effets très vieillis (je connais l'idée qu'il y avait derrière des décors ternes, mais il n'empêche que c'était moche). C'est même très inventif, le château du Temps, la maison du Chapelier (bon design qui s'accorde avec la folie du Pays des Merveilles d'ailleurs), et aussi le château de La Reine Rouge en forme de cœur en ronces pour montrer sa rancœur. Et l'océan temporel bon sang !
Par-contre, le profit de ces somptueux décors ne se fera sentir que lorsqu'on a des scènes où un seul personnage évolue. Car dès que le film fait interagir des personnages entre eux, il se contente de champ contre-champ entre les personnages en délaissant tout ce qu'il y a alentour, on nous laisse pas en profiter, les décors d'intérieur sont les premiers à en pâtir alors qu'ils ont un visuel plus riche qu'i n'y paraît. James Bobin réalisateur de deux films Muppets a dû prendre l'habitude de filmer des marionnettes en les privilégiant au détriment des endroits ordinaires mais pour le Pays des Merveilles, ce n'était pas la méthode à prendre. Cela dit, ce défaut se fait ressentir au début, mais le reste arrive sans problème à marquer l’œil.


Le problème ne vient pas non plus du visuel donc. Mhm...vient-il de la musique ?


Clairement pas. Danny Elfman se repose un peu trop sur les lauriers du premiers film, mais ce sont de bons lauriers. C'est toujours aussi envoûtant d'entendre les musiques du premier film (qui étaient d'ailleurs ses principales qualités). Rien à dire dessus.


Bon ben c'est pas la musique non plus. Est-ce l'histoire ?
Mhm...écrit par Linda Woolverton. Eh ! La même qui a saccagé le premier film en y plaçant des délires de prophéties et d'aventures d'Heroic Fantasy avec des monstres à combattre. ça ne peut être qu'insultant à ce stade.
Mais attendez, là elle se contentait de simplement dénaturer le Pays des Merveilles avec des idées inadaptées mais elle peut fiche le bordel avec des voyages dans le temps en plus. ;)
Et visiblement, elle même ne maîtrise rien du tout dans l'histoire vu que le film est un beau gros patchwork que même Doctor Who dirait que c'est illogique. C'est simple, le premier c'était de la trahison au matériau d'origine, mais là c'est aberrant en tant qu'adaptation du Pays des Merveilles et en tant que film tout court.


Je ne plaisante pas, jamais je n'ai vu autant d'incohérences scénaristiques dans un film:


Le Chapelier qui risque de mourir parce que personne ne le croit (à la limite je pardonne, il n'est rien sans sa plusoyance).
Le fait qu'il existe un moyen de voyager dans le temps que personne n'a pensé à utiliser.
La Reine Rouge qui était censée être bannie dans un lieu isolé.
Le Temps qui ne pense pas à utiliser son horloge incrustée sur le torse pour stopper Alice.
Le Temps qui possède une autre machine à voyager dans le temps.
La Chronosphère qui sert d'alimentation à la Grande Horloge de tous les Temps.
La méchanceté de la Reine Rouge justifiée par un petit mensonge à propos d'une tartelette (faisant au passage de la Reine Blanche une sale peste qui avait pas mal d'années pour s'excuser de ça, même pendant le premier film. On est censé la prendre en sympathie ?).
Le crâne volumineux de la Reine Rouge justifié par un coup sur la tête (si il suffit de ça, pourquoi personne n'est pareil ?).
La famille Hightopp qui a en fait été capturée et fait prisonnière (dans ce cas pourquoi n'a t-on jamais entendu parler d'eux quand la Reine Rouge a été détrônée ? Pire, comment n'a t-elle pas reconnu le Chapelier dans le premier film ?).
Alice et ses amis qui partent chez la Reine Rouge pour libérer la famille Hightopp mais qui ne pensent même pas à y aller avec une armée !
La Reine Rouge qui n'élimine pas Alice quand elle en a l'occasion (vous regrettez de l'avoir seulement bannie maintenant hein ?)
Le Temps qui se dégrade dès que la Reine Rouge se rencontre elle-même (dommage de ne pas avoir fait que ce soit la Reine Blanche qui provoque ça pour renouer avec sa soeur, ça aurait redorer son capital sympathie).
Le temps qui se dégrade mais dont il suffit de replacer la Chronosphère dans l'Horloge pour tout régler (mais si on provoque un paradoxe alors que la Chronosphère se trouve déjà dans l'Horloge, qu'est-ce qui se passe ? Bah oui, vu qu'il existe une autre machine à voyager dans le temps).


Et si encore ce n'était que ça, mais le comportement d'Alice dans ses situations en font une héroïne vraiment irresponsable:


Elle vole la Chronosphère tout en sachant ce que cela provoquerait sur le temps et au Pays des Merveilles tout entier.
Elle décide par la suite d'aller dans le passé pour empêcher l'événement qui fera de la Reine Rouge ce qu'elle est (pour le Chapelier hein, pas pour sauver des centaines d'innocents que la Reine fera décapiter). Alors que, techniquement, si Alice empêche la Reine Rouge de devenir, elle empêche de facto les événements qui la pousseront à revenir au Pays des Merveilles dans le film précédent.
Elle prend le temps de parler au Chapelier enfant et sa famille pour rien du tout alors qu'elle n'a que quelques minutes pour agir.
Elle et ses amis ne prennent même pas le temps de ramener la Chronosphère à sa place avant d'aller libérer les Hightopp (c'est pas comme si y aller en possession de l'objet qu'elle convoite et sans escorte aller l'aider à arriver à ses fins).
Et elle n'a même pas d'accomplissement à la fin vu qu'elle obtient le beurre et l'argent du beurre. Cela dit, je cherche un peu la bête, vu qu'elle a appris que le Temps était précieux et qu'elle renoue avec sa mère.


Et ces incohérences ne sont pas le seul problème. Tout avance de manière automatique, dès qu'un événement prend fin, la suite de l'histoire arrive toujours de manière ultra-forcée:


La Reine Rouge qui devient psychopathe parce que la population s'est moqué d'elle (vous mériteriez presque ce qui vous arrive après les gens) parce que ces chapeliers n'ont pas été fichu de lui filer une couronne à sa taille.
Alice qui entend parler du moment où la Reine Rouge est devenue méchante par un dialogue sortie de nulle part (pourquoi la Reine Blanche en parle comme ça au père Hightopp d'ailleurs ?).
La Reine Blanche qui cache les miettes de tartelettes sous le lit de sa sœur alors qu'elle aurait très bien pu les ramasser et les jeter, voir même les manger (mention pour sa mère qui n'est pas capable de voir que sa fille ment).
Alice et ses amis qui sont libérés par les serviteurs de la Reine Rouge alors qu'ils auraient très bien pu les libérer avant qu'elle ne s'échappe avec la Chronosphère.


Et attendez, l'histoire nous gratifie même de scènes inutiles:


La scène où le Temps discute avec le Chapelier, le Loir et le Lièvre de Mars aussi drôle soit-elle n'a servi strictement à rien. D'ailleurs, si le Temps a réellement bloqué le Chapelier et ses fous lurons à une minute de l'heure du thé (pour l'éternité apparemment) alors pourquoi ce n'est pas le cas dans le présent ? Il les a bloqués !
Et à quoi a servi la scène de l'asile qu'on voyait tous dans la bande-annonce ? J'ai beau chercher je ne vois toujours pas à quoi ça servit vu qu'Alice s'en échappe facilement et qu'elle revient au Pays des Merveilles dans le présent aussi vite qu'un éclair.
Et puis, la scène Humpty Dumpty a t-elle servie elle aussi ? (cela dit, j'aime la référence).


Au final, la seule chose que la venue de James Bobin à la réalisation a changé, c'est le visuel et la direction des acteurs qui sont au top et qui sauvent le film du naufrage. Mais le tout est gangrené par l'histoire encore plus bordélique que le premier film.
Car oui, même si le premier Alice était remplie d'incohérences, au moins le fait qu'il copiait le standard des films d'Heroic Fantasy avec un gros monstre à affronter à la fin lui donnait au moins un but final fixe et facile à comprendre. Alors que là c'est le bordel pas possible tant le récit des voyages dans le temps n'est absolument pas maîtrisé.


Et c'est dommage car j'aime bien l'idée de voir le Pays des Merveilles autrement qu'à travers un road-trip. Y mettre de l'aventure, voir même des voyages dans le temps c'est quelque chose qui pourrait donner quelque chose de détonnant si on le fait avec de beaucoup de bonne volonté. Mais même si Linda Woolverton a écrit cette histoire avec sincérité et passion (car je pense que c'est bien le cas, les dialogues en sont la preuve), il n'y a aucune maîtrise dedans et tout s'embourbe dans un délire remplit d'incohérences.


Cela dit, j'avoue que si je dois le revoir, je ne dirai pas non. Au moins pour le visuel à tomber. En tout cas, j'avais plus l'impression de voir le Pays des Merveilles que j'aurais dû voir dans le premier film que dans celui-là.


Du thé ?

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le 28 juin 2016

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Housecoat

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