Fincher a la lourde tâche de perpétuer et achever le mythe Alien, ainsi que son héroïne, le Lt. Ripley, après deux gros succès et réussites que l'on connaît. Il essaie de se rapprocher de l'oeuvre originelle de par son scénario, malheureusement la réalisation ne parvient pas à créer les mêmes effets.
Exit la fille adoptive et le soldat héroïque installés par Cameron lors de l'opus précédent, qui tendaient à humaniser et étoffer Ripley dans un rôle de mère protectrice, donnant un ressort dramatique puissant et une thématique universelle. Ici, Ripley se retrouve seule, entourée de prisonniers dangereux, face à un unique Alien et dans un lieu clos (bien que plus vaste que le Nostromo , le vaisseau dans le premier Alien), reprenant ainsi les éléments de base du film de Ridley Scott.
Le film commence très bien grâce à son atmosphère de rouille et de fumée, le rythme lent nous permettant de rentrer dans ces décors très beaux et travaillés façon friche industrielle qui rappellent du Bilal ou du Gilliam, et les personnages secondaires sont convaincants, crédibilisant l'environnement carcéral dans lequel Ripley est piégée.
Cette mise en place réussie, on attend que la bête, que l'on sait rôder aux alentours, commence sa chasse sanglante. Et c'est malheureusement à partir de ce moment-là que le film stagne en créativité: les apparitions du Xenomorphe sont répétitives, n'explorant pas son intelligence, son mode opératoire ni son utilisation des lieux. L'angoisse provenant de sa furtivité et de son imprévisibilité, ne fonctionne tout simplement pas ici. La tension est d'ailleurs mal gérée, tant les moments de dialogue et de planification de la défense à adopter se déroulent sans stress, désamorçant la sensation de danger imminent.
Et c'est en cela que Fincher échoue: Scott explorait l'instinct de survie de ses personnages face à un monstre digne de nos pires cauchemars. Ici il ne s'agit que de courses-poursuites et de plans foireux, le tout agrémenté d'un Alien ridicule lorsqu'il s'agit de mettre en avant sa mobilité, l'un des atouts de sa dangerosité. Les tentatives de réintroduire de l'enjeu avec le parasite à l'intérieur de Ripley puis l'arrivée des "secours" (ces salauds de la compagnie - idée déjà et mieux exploitée par Cameron), ne permettent pas de rentrer à nouveau dans le film après avoir décroché à mi-parcours. S'ajoute à cela une fin copiée-collée sur Terminator 2, ce qui finit de convaincre du manque de renouvellement et d'idée dans la conception de cet opus.
Une petite déception au final, tant le potentiel (moyens, direction artistique, réalisateur et acteurs) était énorme. Les partis pris pouvaient être intéressants (infection donc mort annoncée) mais sont malheureusement mal exploités scenaristiquement, accouchant d'un film prévisible qui lorgne du côté du "8ème passager", montrant ses limites créatives. Honorable pour une série B, limite pour une franchise comme Alien, clairement pas au niveau de ses prédécesseurs.
Mon avis sur Aliens: Le Retour