Prétentieux et paresseux, Alien : Covenant est une insulte à votre intelligence.

Pour faire plaisir à un ami, nous sommes allés voir Alien Covenant en avant-première. Je ne peux pas dire avoir été déçu en sortant de la salle, car je n'attends plus rien de Ridley Scott. Il n'empêche que le film reste très mauvais pour un certain nombre de raisons :
- Un hymne à la bêtise humaine dans l'enchaînement catastrophiste. Que Scott soit devenu misanthrope, ok, mais cela ne l'exonère pas de s'appuyer sur un minimum de rationalité dans le choix de ses protagonistes. La chaîne des actions qui mène à l'explosion de la navette est une succession de face palm a posteriori très embarrassante.
- En parlant des personnages, aucun n'est doté d'une personnalité approfondie ou d'une densité qui susciterait le moindre sentiment d'empathie. Résultat, Scott se fiche de ses personnages, et il en va de même pour le spectateur. Le cas du commandant Oram est exemplaire dans ce mélange de bêtise et d'insipidité alors qu'il est exposé à des dilemmes très importants. Seuls David, et Walter dans une moindre mesure, ont ses faveurs, mais eux-aussi ne sont pas exempts de défauts d'écriture.
- Une mise en scène flemmarde. L'ensemble du film souffre de la vision débonnaire du cinéaste. Rien n'est transcendant, tout est fait pour parer à l'efficace sans jamais réfléchir à l'émotion suscitée par le montage ou le cadrage. L'exemple le plus criant est l'affrontement final qui ne dégage absolument rien. Mais on pourrait mentionner les scènes de douche qui sont aussi gênantes.
- Une production design au rabais. Concrètement, c'est moche. Le filtre "snyderien" ou "nolanien", ça commence à bien faire. Le rendu est terne, sombre et ne met pas en valeur l'exotisme supposé du sujet du film.
- Une mythologie définitivement détruite. Scott dissipe les derniers doutes sur une origine rationalisée des Aliens, en en faisant le résultat des expérimentations d'un androïde taré. Le problème, outre la perte d'évocation du mythe originel de l'Alien, c'est que ce dernier n'est plus le sujet ne film et ne suscite plus les frayeurs qu'il pouvait véhiculer dans la première trilogie. Bilan, on n'en a plus rien à foutre des Aliens. Ce qui est problématique si je m'en réfère au titre du film.
- Scott détruit aussi ses propres délires de Prometheus. Il génocide en flashback et en trois minutes max la race des Ingénieurs. On va passer sur le fait qu'une super race de créateurs technologiquement avancée se fasse baiser par un seul vaisseau spatial (ils sont pas un peu cons ces Ingénieurs finalement ?), mais voilà tout le crédit qu'accorde Scott à ses propres visées "créationnistes".
- Et là réside tout le désastre d'Alien Covenant. Déjà Prometheus posait problème dans la rupture des codes en passant d'un registre métaphysique à celui du survival. Covenant reproduit les mêmes fautes, mais en accentuant le grotesque d'une thématique aussi ambitieuse que mal maîtrisée. Les scènes entre Walter et David sont "malaisantes", les références (Byron/Shelley, Wagner) sont lourdissimes, et le résultat pour le moins peu convaincant. Quand on pense que c'est le même Scott qui s'est emparé avec brio de Blade Runner, c'est dire la dégringolade intellectuelle et filmique du bonhomme. Car si l'on devait résumer la "vision" de Scott pour sa nouvelle mythologie c'est : "une première version d'androide s'emmerde et s'empare d'une arme biologique extra-terrestre pour créer une race hybride et exterminer l'univers". Non seulement Scott prend son spectateur pour le dernier des crétins en lui livrant le tout clés en mains, mais on ne peut pas dire que l'écriture de la dialectique divino-existentialiste entre création et créé s'en trouve grandie. Si encore ce dernier était cynique et avait conscience de pondre une série Z, certes ultra-thunée, mais non, l'orgueil et la prétention, à l'instar de son avatar mécanique, suintent de ce film. C'est d'autant moins pardonnable.

A vous de voir si vous voulez vous infliger un tel torrent d'âneries.