Au vu de ce à quoi je m'attendais avant d'aller voir le film en salle, Alien Covenant s'avère être plutôt une bonne surprise, toute proportion gardée : j'espérais au mieux un copié-collé du premier Alien en beaucoup moins bien et au pire une purge abominable dans la continuité de Prometheus. On obtient au final un entre-deux : fatalement moins bien qu'Alien mais toujours meilleur que Prometheus...


Ridley Scott prouve que même à 80 ans, il maitrise toujours l'art de la mise en scène mais qu'en revanche, il n'a pas l'air de bien faire attention aux scénarios qu'il adapte. Si on n'atteint pas le niveau d'incohérence et de stupidité de Prometheus, il n'empêche que Covenant est très loin d'être exempt de tout reproche. Tout comme dans son prédécesseur, il n'y aurait pas de film si les personnages n'agissaient pas comme de parfaits crétins, ce qui bien entendu s'avère problématique lorsqu'il s'agit d'avoir de l'empathie pour eux (ce qui est foutu d'avance quand l'équipage est composé de 15 personnes tandis que nous sommes dans un film d'horreur). Dire qu’il est irrationnel et surtout irresponsable de se rendre sur une planète inconnue parce qu’on a reçu un message perdu d’une personne qui chante et parce que l’équipage ne veut pas retourner se coucher tandis que l’on est responsable de la vie de 4000 colons et de plus de 1000 embryons relève de l’euphémisme.


A cela, on ajoute la sortie sans combinaison, la confiance accordée à David alors que tout indique qu’il faut s’en méfier, les personnages qui partent pisser ou prendre une douche (en le précisant de manière très explicite en plus) afin de mieux s’isoler, des fois qu’on ne serait pas dans un film d’horreur, etc…


C’est bourré de réactions complètement aberrantes qui vont donc nous pousser à prendre ces personnages pour de parfaits abrutis dont la présence n’est requise pour remplir un quota de décès. Curieux, d’ailleurs, que les deux survivants soient les deux seuls dont les noms restent en tête...


Les deux copilotes restés sur le vaisseau mère durant tout le film et qui se font tuer dans la douche ne sont d’ailleurs là que pour fournir à la bande annonce des images un brin torrides propices à booster les ventes de tickets.


Classe… Enfin, niveau prévisibilité, on retiendra le twist final qui était aussi attendu que tiré par les cheveux. Toujours en termes d’écriture, j’ai quand même trouvé le propos sur la création attaché à ce que tente de faire David beaucoup plus pertinent et intéressant que la parodie de philosophie religieuse que l’on avait dans Prometheus. On peut penser que ça n’a rien à faire dans l’univers Alien mais ça représente toujours une amélioration par rapport au précédent épisode… Par ailleurs, les réponses apportées aux questions posées par Prometheus sont ce qu’elles sont, elles apportent des éléments relativement bons au vue de la base minable laissée par ce dernier. On pourra néanmoins toujours râler quant à l’identité du créateur des Aliens, de ses motivations, du processus même de création (qui a l’air pour l’instant de rejeter totalement Aliens Le Retour soit dit en passant). Mais pouvait-il y avoir une bonne réponse à cette question ? Le mieux aurait été encore de ne pas tenter d’y répondre et de laisser les fans fantasmer…


Niveau mise en scène, le film ne fait jamais peur, au mieux il stresse (très bonne séquence lors de la première crise sur la planète, panique totale autant pour les personnages que pour les spectateurs) mais la caméra tremble beaucoup trop lors des séquences d’action, les Aliens sont filmés avec des plans beaucoup trop larges, et le gore est privilégié à l’horreur. On peut néanmoins noter de très belles séquences de dialogue (encore heureux, ça doit représenter 80% du film), notamment le dialogue en miroir entre Walter et David. Les acteurs s’en sortent comme ils peuvent, on retiendra juste que Michael Fassbender survole le reste du casting, force est de reconnaitre qu’il est aussi le seul à avoir un vrai rôle… James Franco et Noomi Rapace ont quant à eux disparu au montage, vous ne les verrez que dans des séquences coupées trouvable sur internet sous forme de vidéos promotionnelles (les Prologues, beau moyen de raccourcir la durée du film en salle).


Pourtant, je suis obligé de relever qu’à la sortie de la salle, je n’étais pas aussi unanimement mécontent, j’étais même prêt à lui accorder un 7/10 ! Cela est peut-être dû au fait que j’aime la saga Alien ou que la mise en scène est classe, les effets visuels bons et le rythme bien entretenu. Mais après une bonne nuit de sommeil et une matinée de réflexion, toutes ces bonnes impressions sont balayées par un scénario improbable et des personnages inutiles. Je suis de ceux qui pensent que la clé d’un film ou d’un récit de manière générale repose sur l’écriture des personnages, de ce fait, je ne peux que sanctionner Alien Covenant.

remimazenod
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le 12 mai 2017

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Rémi Mazenod

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