Alien : Covenant ou comment détruire une saga en tentant d’en expliquer les origines ? Prequel du sequel Prometheus, Alien : Covenant fait partie de ces films qui se soucient de faire marcher la planche à billet au détriment des fans de cette saga mythique créée en 1979. Certes, tout n’est pas a jeté mais à la fin de la projection, une seule question demeure : Ridley Scott ne prendrait-il pas le spectateur pour un idiot ?


10 ans après les mésaventures du Prometheus, les membres d’équipage du  vaisseau Covenant,  à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore intouché. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper…


A 80 ans, Ridley Scott connaît plus que bien la machine hollywoodienne  et, sous couvert d’une filmographie qui compte quelques œuvres mythiques, peut faire passer un nanar pour un film ultra attendu. C’était le cas pour Prometheus ou encore Seul sur Mars. Alien : Covenant, lui, ne déroge pas à la règle. Comment le cinéaste est-il parvenu  à faire accourir le spectateur dans les salles obscures ? Très simple. En jouant sur leur curiosité. Qui de mieux pour mettre en scène la naissance du xénomorphe que le papa du premier opus de la saga, Alien, le Huitième Passager ? La bande annonce nous faisait d’ailleurs saliver en montrant Alien : Covenant comme le petit frère de ce chef d’œuvre datant de 1979.


Hélas, il y a tromperie sur la marchandise. La chasse à l’Alien dans un vaisseau aux couloirs sombres, où le danger peut surgir de n’importe-où, ne se fera que dans les 20 dernières minutes. Alien : Covenant, préférant suivre la voie du très décrié Prometheus. Comme ce dernier, le film se concentre sur le thème  de la création mais également sur les origines et l’avenir de l’humanité. En savant fou, obnubilé par la naissance d’un être parfait, le droïde David (Michael Fassbender) expérimente, tente des croisements entre cette arme de destruction massive et différentes espèces, donnant vie à un impressionnant bestiaire. Mais le propos perd vite de sa force à cause de dialogues trop pompeux et une surenchère de métaphores qui arrivent avec leurs gros sabots (Merci à Wagner et aux dieux qui entrent au Walhalla). Des questionnements métaphysiques sur le fond intéressant mais pourris par un scénario oscillant entre incohérences et désintérêt total. Le spectateur ingurgite ces thèmes pseudos philosophiques tout en suivant les déboires d’un équipage dénué de charisme.



Scott Toujours !



Mais quid des explications sur les origines de la créature ? Ridley Scott a d’ores et déjà annoncé deux suites à Alien : Covenant. Même si cet opus répond à de nombreuses questions, il faudra encore patienter pour avoir le fin mot de l’histoire. Le problème est que, peut-être, beaucoup de fans de la saga ne voulaient tout simplement pas connaître la naissance des Aliens. En manque d’idées, les grands studios misent sur leurs classiques pour espérer une rentrée d’argent. Robert Zemeckis a refusé de mettre en chantier une suite à Retour vers le Futur, Ridley Scott, lui, ne se soucie pas de cet état d’âme. Sauf que ses débuts d’explications frisent le ridicule et fait perdre tout le charme de la mythologie Alien. A trop vouloir révéler, les secrets et l’imagination s’estompent mais trop bête ou trop confiant, le spectateur se rue dans les salles pour, en général, ne ressentir que de la déception.


Malgré quelques séquences anxiogènes et une mise en scène toujours sophistiquée, Alien : Covenant rate à peu près tout ce qu’il entreprend. La faute, peut-être, à une attente trop forte que les adulateurs du xénomorphe ont pour la saga Alien et pour son « papa », Ridley Scott. Sans doute aurait-il fallu du sang neuf pour donner un second souffle à la mythologie. Hélas, Neill Blomkamp  (District 9, Elysium, Chappie) s’est fait évincer de la franchise au profit du Britannique. L’avenir dira si c’était le bon choix mais pour le moment, le spectateur en bave.

claudie_faucand
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le 12 mai 2017

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