Chargée de coloniser une planète à coups de maisons en bois au bord d'un lac, une équipe se retrouve réveillée d'un sommeil en stase plus tôt que prévu à cause d'une catastrophe qui, manque de chance, dérègle le barbeuc et rend le chef de l'expédition un peu trop cuit (James Franco, qu'on voit à peine 6 secondes via une vidéo, en plein prequel de 127 heures). Suite à ça, sa femme, complètement dévastée deux minutes et demi (accroche-toi pour te sentir concerné par le sort des personnages après ça), et les autres membres de l'équipage se retrouvent à visiter une planète qui n'était pas prévu au programme, où un signal humain a été capté...


Prometheus s'intégrait gentiment dans l'univers de la franchise Alien, mais sans vraiment le démystifier ni le salir puisque le film proposait une ambiance, une vision ou une matière à réflexion totalement différentes. Un rejeton à part, qui promettait un détournement intelligent de la saga, pouvant exister à part entière sans entacher le boulot accompli depuis 1979.


Mais ce rejeton a été le vilain petit canard. Détesté par beaucoup pour son côté mystique aux questions sans réponses (au-delà des incohérences et de la débilité de certaines scènes), Ridley Scott et la Fox ont changé leur fusil d'épaule, et ont décidé de faire du rentre dedans. Exit le style passionnément nébuleux de Damon Lindelof, place au vide intersidéral d'une aventure terriblement inutile. Qu'il s'agisse du récit, des personnages, de la mythologie ou plus techniquement du boulot de Scott, absolument rien ne fonctionne dans cette bouillie indigeste.


Alien : Covenant tente vaguement de faire une suite à Prometheus, tout en se rapprochant d'un style plus viscéral à la Alien. Pour le premier point, les scénaristes méritent tout simplement un bain d'acide. Toute la mythologie instauré dans le volet précédent est saccagé en un flashback de même pas cinq minutes, puis continue de creuser en bousillant tout son potentiel suggestif. Car le film fait exclusivement dans le primitif, où le gore est maître, filmé par un Scott en perdition : ses séquences d'action et de terreur sont quasiment toutes infectes. Du n'importe quoi affublé de shaky-cam dégueulasse, charcuté avec un montage abrupte, et n'arrivant à instaurer du suspens à aucun moment (même quand il refait du Spielberg avec une séquence tout droit pompée de Jurassic Park : Le Monde Perdu, c'est désagréable).


Le récit est laborieux, les personnages sont tous plus débiles les uns que les autres, et les ramifications qui les lient sont d'une grossièreté affligeantes (Peter est avec Cindy, Kevin aime Ashley, Brian désire beaucoup Georgette). L'émotion est au niveau zéro absolu, et on devine très vite qu'ils ne sont que de la chair à pâté aux yeux de Scott. Même Katherine Waterston (Les Animaux Fantastiques) n'a rien de l'héroïne charismatique promit, très loin de convaincre comme l'ont fait Sigourney Weaver ou Noomi Rapace avant elle.


Pourtant, la lassitude éprouvé en regardant Alien : Covenant s'estompe peu à peu, pour prendre une nouvelle tournure surprenante : tout devient aussi bien gênant que ridicule. Une leçon de flûte à bec aussi chiante qu'à ton cours de musique du collège, une combat inapproprié de kung-fu du pauvre, un Alien qui te dis coucou... on ne compte plus les moments aberrants, dont le dernier réside dans cliffhanger aussi surprenant que si on t'annonçait que Noël, en fait, c'est le 25 décembre.


Bref, en plus d'avoir l'impression que le film dure trois longues heures, il est une déception totale. De la science-fiction horrifique ratée, balayant d'un revers de la main les questionnements de Prometheus, tout en rendant la saga Alien beaucoup moins mystérieuse voire même boiteuse. On aurait largement préféré une vraie suite aux aventures de Shaw (Rapace) et David (Fassbender) dans un univers qui, même si elle ne faisait pas directement allusions aux Xénomorphes, s'étendait au moins plus loin qu'un simple démiurge à la con, aux réflexions basiques et sans saveur, en continuant la piste de ces fameux Ingénieurs !


POUR LES FLEMMARDS : Terriblement laborieux au début, aberrant et gênant ensuite, prévisible enfin : Alien : Covenant gâche le potentiel de Prometheus et sali Alien sans vergogne.

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le 31 mai 2017

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