Vers l'infini et au-del... ha non, faisons d'abord une halte ici, sur une planète inconnue

Un peu bizarre ce film. Pas aussi foireux que je l'avais imaginé ; en effet, j'imaginais qu'entre deux attaques du xénomorphe, il faudrait se taper des explications philosophiques mais aussi sociales par rapport à ces ingénieurs. C'est quand même un peu ça... mais ça passe.


L'intrigue est globalement pauvre : Scott et ses scénaristes proposent peu d'idées intéressantes en terme de mises en situation. Ce qui semble l'intéresser, c'est le côté philosophique (le père, le créateur, la création et tout ça) sauf que ce n'est que faiblement exploité. Le côté aventure prend pendant au moins la première heure. Après ça devient trop commun, les auteurs peinent à se démarquer de tout ce qui a déjà été fait. En fait, on dirait que Scott lui-même s'emmerde de devoir raconter à nouveau la même chose qu'il y a plus de 30 ans. Donc, la découverte ça passe encore, surtout qu'il imagine d'autres moyens de contamination (ce n'est pas non plus génial mais ça passe) mais une fois qu'on se retrouve sur les sentiers battus, ce manque d'investissement fait de plus en plus défaut.


Faut dire aussi que le lieu n'est pas particulièrement intéressant et les personnages ne sont pas terribles ; on évite la troupe de mercenaires surentraînés qui revient régulièrement mais on rate aussi des personnages typés ; le capitaine par défaut sort un peu du lot mais reste sou-traité. Les situations sont donc banales de manière générale.


Il y a des explications un peu chiantes entre deux scènes d'action : David explique comment il en est arrivé là : parfois des mensonges, parfois des vérités, ... on s'en fout un peu. Cela ne casse pas vraiment le rythme car il était nécessaire de mettre des pauses ici et là entre deux scènes d'action, mais on aurait préféré autre chose. Un approfondissement des personnages par exemple. Ou bien des situations qui permettrait de donner l'impression que les auteurs prennent leur temps. Parce qu'un autre gros défaut du film, c'est que tout va trop vite : sitôt le réveil enclenché on ne fera que passer d'une scène à l'autre jusqu'à la reprise du voyage. On ne profite pas de la planète, on ne profite pas des créatures, on ne profite pas des situations. Par 'on' j'inclus autant les spectateurs que les personnages.


Il y a des idées étranges aussi : cette rencontre un peu surréaliste entre Walter et David. Ce ne sont pas des mauvaises idées en soi (y compris la scène de la flûte), c'est juste que c'est mal inséré dans l'intrigue : pourquoi soudainement arrêter le temps pour se consacrer à cette leçon de musique. En fait, il aurait fallu que Scott assume dès le début ce choix de cette confrontation et qu'il la prépare. Ici, c'est l'histoire de David, l'histoire des robots qui sont si importants dans la saga Alien. Sauf que ça ne va pas assez loin, que Scott ne creuse pas assez ses personnages et ne parvient ainsi qu'à effleurer l'arbre des possibilités en terme de traitement de ce concept (sans parler de l'utilisation d'une héroïne, ce qui perturbe le spectateur qui s'attend à chaque nouveau film à une Ripley-like, ce qui signifie que son attention n'est pas portée là il faudrait).


J'avoue que je n'ai pas trop compris pourquoi Covenant se déroule ainsi. Avec Prometheus, Scott devait partir dans une autre direction, l'Alien ne devait plus être le centre d'intérêt. Je n'étais pas friand à l'idée d'approfondir quelque chose qui ne nécessitait pas plus d'explications, mais au final Prometheus s'avère honnête et correct. Covenant devait donc être la suite, on devait découvrir cette société. Sauf que non, ici, il balaie tout d'un revers de la main. Ce n'est peut-être pas plus mal en un sens car ils ont vraiment l'air cons ces ingénieurs, du peu qu'on les voit dans le flashback. Et je sais vraiment pas comment Scott aurait pu les mettre en scène sans briser leur aura... mais peut-être que cette cassure était nécessaire et que l'éviter comme il fait ici est pire que tout ?


En tous cas c'est fini, on ne saura certainement jamais qui étaient ces gens. La nouvelle direction n'est pas pour autant déplaisante : ce que j'aimerais, c'est que David expérimente encore plus (parce que ses expérimentation sont un peu faibles ici, j'attendais plus de folie) ! Et puis le fait que l'équipage change à chaque film, c'est plutôt bien. On va suivre David pendant quelques films (deux autres normalement) et il rencontrera plein de gens différents. Je me demande quels acteurs connus se cachent parmi les endormis ?


Pour ce qui est de l'Alien et de ses dérivés (si je puis les appeler ainsi), c'est un peu frustrant. Le concept du 'pollen' est sympa mais mal exploité. La transformation est amusante mais on comprend pas trop pourquoi le monstre sort deux fois de manières différentes... le premier Alien est cool quand il est petit : il est en mode super berserk c'est assez marrant. Une fois grandi il est un peu trop sage. Le xénomorphe que l'on connaît bien est peu intéressant, se développe trop vite et est exploité sans grande ingéniosité (quand je dis que Scott a l'air de s'emmerder avec son monstre).


Ceci m'amène à parler des effets spéciaux : ceux concernant les monstres sont très mauvais. La première créature est la pire, assez mal incrustée. L'alien n'a pas beaucoup de personnalité non plus et marche trop droit (le côté bestial est fortement diminué). On le voit trop bien aussi, il perd ainsi de son aura. C'est marrant parce qu'avec ses deux films sur l'univers de Alien, Scott a cassé deux de ses déclarations importantes. Il avait dit être déçu des suites parce que les auteurs tentaient d'expliquer des choses... c'est ce qu'il a fait avec Prometheus. Ensuite il a dit que son Alien était le meilleur car on ne voyait pas le monstre entièrement, ça lui donnait donc un côté mystérieux et les scènes où on le voit entier prenaient d'autant plus d'importance : ici, avec ses CGI, il ne cherche jamais à reprendre cette formule et montre ses créatures directement (la scène du pollen est assez annonciatrice). Pour en revenir aux effets spéciaux, seuls les décors et les vaisseaux passent mieux. Les hologrammes sont bof et les flammes sur la tronche de James Franco sont abominables.


La mise en scène est heureusement maîtrisée. Pas géniale mais Scott montre un certain savoir-faire qui rend le film prenant d'un bout à l'autre (on ne voit pas le temps passer) malgré les grosses faiblesses scénaristiques. L'action est tout de même assez faible, parfois à la limite de l'incompréhension (sans parler des agissements des personnages par moment). Mais c'est propre (peut-être trop, d'ailleurs on retrouve le même problème que pour Star Wars, la technologie a l'air plus avancée que dans la première saga Alien). Et puis on voit ce qu'il faut parfois avec des images assez fortes à l'appui.


Le côté gore étant déjà présent dans Prometheus, ce n'est pas déplaisant de le retrouver ici. Ceci dit, je m'attendais à pire au vu de ce que j'avais entendu dire. Mais c'est bien. Juste dommage que certains éléments semblent être des idées trouvées en post-prod, du coup c'est assez mal exploité (comme la mâchoire arrachée... d'ailleurs cette séquence dans les hautes herbes fait partie des scènes peu lisibles dont je parle dans le paragraphe précédent).


Le casting est correct. Fassbender fait le show, Pearce aussi du peu qu'il apparaît, Waterston est mignonne et fragile, Crudup est délicieusement pitoyable (quel dommage de ne pas l'avoir approfondi). On a aussi droit à une scène de douche à la fin, malheureusement c'est à peine si l'on voit les corps.


Bref, c'était pas déplaisant à voir. Mais y a quand même pas mal de révision à faire pour obtenir un bon film. Je suis curieux de voir la suite.

Fatpooper
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le 4 août 2017

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Fatpooper

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