Cinq années se sont écoulées depuis la sortie du fascinant mais incompris Prometheus, premier préquel de la célèbre franchise Alien. Dans sa volonté d’explorer les origines de sa saga, Ridley Scott, bientôt 80 ans, revient avec un nouvel épisode qui laisse perplexe malgré ses qualités.


Effectivement, rien à redire sur la réalisation. C’est impeccable, magnifique et d’une composition sans équivalent. Ridley Scott poursuit sur sa lancée mythologique avec les dieux, la création, la destruction. Le film devient une expérience contemplative, artistique en tout point. Les références à l’art et à l’Histoire ne manquent pas, renforçant d’avantage l’aspect artistique du film. Entre la pureté de certains espaces et l’enfer de la planète, Scott parvient à concilier ces deux univers avec efficacité.


Concernant l’intrigue, j’ai été partagé. Toute la réflexion initiée par Prometheus et qui me fascinait est considérablement réduite, le sujet n’est plus qui nous a créé, pourquoi nous détruire mais bien détruire les ingénieurs et créer ces créatures supérieures parfaites. Nous voyons bien l’alliance et le mix entre Alien et Prometheus mais il y a beaucoup de défauts dans la manière de faire. Scott a déclaré qu’après le mécontentement des fans sur l’absence du xénomorphe dans Prometheus, il voulait rectifier le tir. Entendre les fans est une chose, mais il ne faut pas se plier à leurs désirs. Il nous donne ce qu’on attendait mais au final on reste sur notre faim. C’est agréable de revoir l’alien d’origine mais son apparition parait beaucoup trop rapide comparé a ce que nous avons connu et quand on pense à la continuité de la saga. Il aurait été plus appréciable de la part de Scott d’aller au bout de son propos et proposer un réel Prometheus 2 plutôt que de revenir sur ses pas et concocter un mix des deux. Les Ingénieurs ne sont plus à cause de David qui les extermina à coups de matière noire façon Pompeï. Ce flash-back est la scène qui vaut le détour de tout le film mais se retrouve expédiée et laissée de coté. Le potentiel était pourtant là, tant sur la violence dramatique de voir ces êtres courir pour échapper à une mort certaine et la prouesse visuelle dont Scott a fait preuve pour mettre en scène ce génocide.


Tout est plus détaillé pour être plus terrifiant quitte parfois à ne pas être logique (la naissance du premier alien par exemple en est presque ridicule). La peur se trouve maintenant dans le connu et comment il va apparaître et être mis en action. L’inconnu a changé de sujet. Le spectateur s’attends plus à ce qui va se passer comme rebondissement que s’attacher réellement à ce qu’il se passe sous ses yeux. Dans ces conditions, les personnages restent anecdotique. Ils sont là pour servir de boucherie sous à la façon slasher créant ainsi des scènes atrocement gores et graphiques. Pourtant il y avait du monde, mais rien ne nous permet de s’identifier à eux comme ce pouvait être le cas avec Prometheus et Alien grâce à Ripley et Shaw. Daniels n’est finalement pas le personnage central comme on pouvait l’espérer, elle n’a même pas une personnalité suffisamment forte pour qu’on puisse vraiment s’attacher à elle. En fait, si vous n’avez pas vu le prologue diffusé sur internet, les rapports entre les personnages restent assez flous et ne prendront sens que par une ou deux répliques parsemées au cours du film. Au bout du compte, c’est David, LE personnage du film, celui qui porte toutes les interrogations sur ses épaules. Il est fascinant, intelligible, impossible à saisir. Un coup gentil, un coup méchant, l’androïde sème le trouble dans ses véritables intention.


C’est donc un bilan en demi teinte pour cet Alien: Covenant. L’hybridation des deux ADN ne fonctionne pas et c’est compliqué de prendre réellement part à cette aventure spatiale. Il soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses et on se demande où Scott souhaite réellement aller avant de faire le lien direct avec le tout premier Alien.


Pour plus de critiques :)

JimmyJoubin
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le 18 mai 2017

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JimmyJoubin

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