Difficile de croire que Ridley Scott n'arrive pas à réaliser un film bien meilleur que Prometheus, ridiculement mauvais, bien qu'original dans ce qu'il entreprenait, notamment à travers le questionnement de la création, et de l'origine de l'humanité. Et s'il n'arrivait pas à donner des informations concrètes, Alien : Covenant devait en délivrer en tant que suite non avouée. Car c'est ce qu'est véritablement le film : il n'est que la suite d'un film que les gens ont délibérément rejeté. Et on comprend cela relativement vite, puisque la scène d'ouverture en elle-même nous confirme le retour des intrigues posées dans Prometheus. Et la scène d'ouverture est réussie et permet de partir confiant pour le film. La première partie du film est étonnement bonne, même si les défauts scénaristiques abondent déjà, et pénalisent quelque peu l'intrigue globale du métrage.


Hélas, Alien : Covenant se vautre totalement dans des situations toutes plus idiotes les unes des autres, et il s'échappe face aux questions qui auraient pu être passionnantes. Mais le principal défaut qui ruine une grande partie du film reste les dialogues et les situations explicites, un défaut de plus en plus courant dans le cinéma contemporain et notamment les blockbusters, qui mâche totalement le travail des spectateurs qui devraient réfléchir par eux mêmes. Ici, on ne nous laisse pas le temps de nous questionner : tout est dit, tout est fait, et tout est montré. Les dialogues reflètent le piège que nous tend Ridley Scott. Si au début, le réalisateur pose des enjeux et quelques situations qui changent des autres films Alien, très vite on se rend compte de la supercherie. Scott n'essaie finalement pas de répondre à la moindre question, et s'emmêle presque volontairement dans des situations absurdes, et illogiques. Car à coups de "Qui l'a planté là ?" ou de "Pas d'oiseaux. Pas de bruit. Rien.", le film perd totalement de sa mysticité et de son intérêt.


A cela s'ajoute un manque évident d'attachement à l'équipage, qui se voit décimé aussi vite que l'éclair sans qu'on ne s'intéresse une seconde à plus de trois protagonistes. Il est flagrant de constater qu'à aucun moment on ne s'intéresse véritablement au sort des personnages, et le premier rôle féminin n'aide pas dans ce sens, puisque l'actrice est dénuée de charisme et ne possède nullement la force d'une Sigourney Weaver ou même de Noomi Rapace qui possédait une certaine aura dans Prometheus qui permettait au film d'être agréable à suivre. Ici, on a plus l'impression d'assister à Fassbender, le film, tant l'acteur y est omni présent, s'accaparant la moindre pellicule et monopolisant l'écran. Il est d'autant plus dommage de constater que, malgré sa très forte présence, le film ne donne pas de vrais moments de gloire aux personnages qu'il incarne. A l'image de Kong : Skull Island, Alien : Covenant est visuellement magnifique et propose des effets spéciaux de qualité, mais le fond du film est hélas bien trop vide (ou en tout cas flou) pour être intéressant. Car Ridley Scott montre qu'il n'a rien perdu de son ingéniosité en terme de réalisation, et il est aidé par une photographie, certes facilement sombre et terne, mais qui claque.


Malgré des défauts évidents, et ce notamment dans le dernier tiers du film (pénalisé par une surenchère maladive et témoin d'un cinéma de science fiction survitaminé qui souhaite toujours plus impressionner alors qu'il ne réussit que le contraire), le métrage contient son lot de bonnes surprises, en plus de son visuel. On note en effet un Michael Fassbender grandiose, une première partie intéressante, et surtout une séquence anxiogène et qui donnait énormément confiance (la première scène alienisée). Suspens, visuel superbe, musique angoissante, ... il y avait de quoi avoir la certitude d'un film divertissant et revenant aux bases du survival. Et finalement, le film réussit quand même à délivrer une sorte de survival, mais hélas s'emmêle avec la volonté de raconter une histoire...


Alien : Covenant ne réussit pas à défaire l'image peu flatteuse de Prometheus sur la saga. En voulant faire une suite de ce dernier tout en essayant de renouer avec le premier opus en proposant un survival qui revient (un peu) aux bases, le métrage a du mal à trouver sa voie et se perd totalement dans un dernier tiers qui vient détruire toutes les espérances qu'on pouvait tisser pendant la première partie. Entre scènes horrifiques réussies et séquences explicites désolantes, Covenant oscille entre le bon et le moins bon, n'arrivant pas à passionner. Cependant, il est difficile de ne pas faire attention à son visuel, redoutablement magnifique, et au divertissement qu'il procure, malgré les multiples déceptions engendrées. La foi n'est pas perdu, et il est toujours possible pour Ridley Scott de se rattraper avec le troisième opus de la saga Prometheus, qui, on l'espère, nous permettra d'en savoir plus sur les thèmes abordés.

Marvellous

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