Que voulez-vous... j'aime ce film. J'aime son irrégularité bringuebalante, son instabilité, ses halos et couleurs verdâtres et jaunâtres, typiques de l'ambiance Jeunet, et j'suis content de voir Dan Hedaya. Je trouve les bestioles bien plus réussies que les sauterelles en carton-pâte d'Aliens, je trouve que l'ambiance est tout de suite prenante, que le groupe de survivants qui se décime progressivement vaut clairement la chandelle, et même si Wynona Rider est horripilante à faire sa crise d'adolescence en ces âges post-thermonucléaires, un film où apparaît Michael Wincott ne peut pas être foncièrement mauvais.

Et puis... il y a Ron Perlman... Ah, ce Ron. Dès que je vois sa trogne je suis soulagé, jusque dans Drive et Sons Of Anarchy, c'est comme un label de qualité, même quand le film est poussif (Blade 2). Il est comme un père pour moi. J'ai toujours eu un faible pour ce primate avec ses petits yeux de tueurs enfoncés sous des sourcils musclés, sa machoîre d'acier, sa virilité, ses fessiers musclés, son gros nez et ses doigts de fée. Ici, il nous sort quelques vannes un peu nulles, fait de l'esprit avec ses gros sabots et nous sort même une bonne sauce buddy-movie avec le rabougri Dominique Pinon, rachitique gaulois de l'équipe des fidèles du réalisateur (encore un peu plus diminué ici) qui a réussi à s'immiscer tant bien que mal dans ce groupe de mercenaires patibulaires.

Cet opus inégal possède tout de même un bon rythme, et des scènes d'actions qui valent le détour.

Même si c'est le scénario est tout droit sorti des fonds de tiroirs de Jurassic Park, il est savoureux en cela qu'il nous permet d'imaginer, avant de les voir, de parfaites créatures hybrides, véritables organismes cronenbergiens que je n'aurai jamais osé fantasmer même dans mes rêves les plus fous. Ripley avec du sang d'Alien, et toutes les possibilités de surhomme que cela suppose, ...je signe. Et tant pis si le monstre mi-homme mi-démon est raté, dégoulinant et disgracieux : cet espèce d'assemblage ingrat constitué de boue et de vomi marron qui apparaît à la fin du film, réprouvé par tous les fans de la série, à au moins le mérite de réussir une véritable caricature d'Alien, au grand dam des détracteurs du film.

On sent aussi que Sigourney Weaver est lassée, ...ça tire sur la corde. C'est le film de trop, elle n'est qu'un personnage parmi les autres, c'est tout. Figurante, qui l'eut cru? Alien sans elle, c'est impossible, alors on la ressuscite, et tant pis si c'est tiré par les cheveux.

Il paraît qu'il va y avoir un 5ème opus, je ne fais là qu'évoquer un débat né en 1997, il y a presque 20 ans. Je crois bien n'avoir jamais eu à ce point de sentiments aussi ambivalents, émotions gênantes mélangeant la peur de découvrir une horreur et/ou la hâte de voir une suite digne de ce nom.
Errol 'Gardner

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8
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