Revu après avoir fini le très bon Alien : Isolation. L'occasion de confirmer que les créateurs du jeu ont reproduit l'environnement de ce premier film avec une maniaquerie fort réjouissante.
Que dire de ce film qui n'ait déjà été dit ailleurs, et mieux ? D'un point de vue formel, c'est sans doute le film le plus abouti de Ridley Scott (oui, devant Blade Runner). Même si le mérite vient surtout de la rencontre entre O'Bannon et Giger (merci Jodorowsky).
J'aime profondément toute la première heure et demie du film. Son monde claustrophobique, désenchanté, critique sous-jacente d'une exploitation industrielle du cosmos par une multinationale. Si j'aime autant le début, c'est parce qu'il montre des gens ordinaires, qui se servent du café, se lancent de petites piques, ont l'air de s'ennuyer profondément. Certes, le film est une claque visuelle. Mais une grande partie de la force du film vient aussi de ce début routinier, qui nous met dans une situation de profonde empathie. ça se joue à de petits détails : Ripley qui pose sa jambe contre l'écran qu'elle est en train de regarder, etc...
Et puis ici, le goût de Scott pour le dualisme, le combat chevaleresque du clair contre l'obscur, trouve à s'employer sans ambiguïté. C'est la rencontre avec quelque chose de non-humain, qui au contact de l'homme mute pour lui ressembler et mieux le détruire. Un mal qui évolue avec une rapidité invraisemblable, dont on ne voit que des parties. Avec ce revisionnage, d'ailleurs, j'ai trouvé que les apparitions de l'alien étaient au fonds décevantes. Même dans les très courts plans où on le voit, on sent l'homme dans le costume. Mais de toute façon, ce n'est pas dans ces apparitions que se joue le film.
J'aime beaucoup l'esthétique du Nostromo, vaisseau labyrinthique qui se situe quelque part entre la plateforme pétrolière, le bateau et l'intérieur d'un cerveau. J'aime aussi les clins d'oeil à l'esthétique médiévale, notamment ce dernier plan de gisant.
Les seuls passages, au fonds, qui m'intéressent moins, sont ceux qui font un peu passage obligé de film d'horreur. Le dernier quart du film avec Lambert et Parker, la bombe, le chat, tombe un peu dans le n'importe quoi, avec des personnages jusque-là intéressants qui se mettent à faire des choses stupides. C'est vraiment mon seul bémol. La dernière séquence, cependant, est très réussie.
Je n'ai rien d'original à dire sur Alien : c'est un chef-d'oeuvre indétrônable de l'horreur spatiale.