Director's Cut
57 ans après les horreurs endurées sur le Nostromo et 7 ans après la mise en scène de Ridley Scott, c'est maintenant James Cameron qui envoie Ripley tabasser des Aliens, et il ne le fait pas avec des pincettes !
Pourtant, il prend son temps pour mettre en place l'histoire et les personnages, il laisse le spectateur s'imprégner du contexte, de l'atmosphère et des enjeux, dont le principal, une Ripley retournant là où elle a vécu son pire cauchemar. Dès lors, il change de ton, s'éloignant du premier opus, changeant de style et justifiant le s rajouter dans le titre Aliens. Finalement, c'est une bonne chose, il commence à justifier ce qui fait la force de cette saga, chaque réalisateur viendra imprégner son style, et apporte une touche unique dans cet univers.
Tout juste auréolé du succès de Terminator, il fait basculer clairement l'oeuvre dans l'action, et dès la présentation des militaires, que l'on voit comme des caricatures des marines burnés, il donne le ton. Les flingues, punchlines et la violence seront au rendez-vous, et pourtant, ça n'empêche pas ces protagonistes d'être intéressants voire même attachants, à l'image du caporal Hicks. Cameron ne fait pas semblant mais maîtrise parfaitement son sujet, les séquences d'actions sont dantesques, la tension est présente, on est plongée dans la crasse et toute la dernière partie est jouissive.
Et l'une des forces principales de cet Aliens se trouve dans son atmosphère. Sombre à souhait, avec des extérieurs rappelant le futur de Terminator où tout semble déserté, noir et c'est bien par là que commence cette plongée dans l'horreur. Ne pouvant tenir la comparaison avec l'opus de Ridley Scott, il s'en éloigne, mais l'intensité et l'angoisse sont bien là. L'idée risquée de rajouter la gamine fonctionne, il y a un vrai attachement avec Ripley et elle apporte une petite douceur dans ce monde cruel et dominé par des monstres ou des militaires.
La Guerre est déclarée et Cameron multiplie les références à l'horreur vécu par les Etats-Unis au Vietnam, tout en continuant d'évoquer le thème de la relation mère/fille à travers Ripley d'abord, puis la relation de celle-ci avec et Newt voire avec la mère des Aliens, incluant le cycle de la ponte et enrichissant la mythologie Alien. Cet univers est fascinant, le metteur en scène le sait et ne se prive pas pour bien l'exploiter, quitte à ne pas faire dans la finesse, mais offrant bien des séquences mémorables.
Malgré cela, on retrouve quelques points communs avec l'opus original, à commencer par l'omniprésence d'une société privée pensant aux profils avant les vies humaines. Cameron en profite pour y mêler plusieurs de ses influences, et on retrouve dans Aliens sa fascination pour la science-fiction, des références à Kubrick ainsi que ses obsessions lui qui avait écrit le scénario de Rambo II.
L'univers est donc fascinant et les moyens sont mis pour le mettre en scène. Les décors sont superbes, on est plongée dans une ambiance angoissante et l'imagerie la retranscrit à merveille. Les effets-spéciaux sont parfaits, et il y a bien des bonnes idées pour rendre tout cela superbe, sans en arriver à une surenchère. Enfin, cette suite bénéficie d'une toujours remarquable Sigourney Weaver, bien aidée par Michael Biehn, Carrie Henn et l'ensemble du casting, alors que la musique de James Horner est en parfaite osmose avec les images.
Avec Aliens, James Cameron prend un chemin différent par rapport à celui emprunté par Ridley Scott quelques années plus tôt, et propose une oeuvre sous tension, parfaitement maîtrisée ou encore burnée, continuant d'explorer la mythologie Alien et étant emmenée par de parfaits comédiens, tout ce qu'il faut pour (re)plonger en Enfer.
On notera que, contrairement à Alien, la version Director's Cut apporte vraiment du contenu supplémentaire, 17 minutes et notamment celles où Ripley apprend la mort de sa fille sur Terre.
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