Après le succès mondial du premier opus, il était évident qu'Hollywood n'allait pas s'arrêter là. Aussi, les producteurs ont-ils fait appel au tout jeune James Cameron pour réaliser la suite des aventures de Ripley. Et qu'on se le dise, son style n'a pas changé d'un pouce depuis.
Tristesse que de voir à quel point l'univers angoissant et claustrophobe de Ridley Scott n'est pas respecté dans ce Aliens : l'histoire, pour faire simple, ramène Ripley sur la planète d'origine de l'invité surprise du Nostromo pour voir ce qu'il est advenu d'une colonie terrestre implantée depuis que notre héroïne s'est plongé en hyper sommeil en espérant être secourue. On retrouve donc ici l'univers de Cameron, caricatural, hollywoodien à l'excès et son véritable âme.
Ainsi voit-on des militaires détruire tout un tas d'Aliens sur une planète inconnue et finalement voir la petite bande décimée sauf les gentils bien entendu, parce qu'ils sont très gentils. Là où Ridley Scott avait réussi avec le peu de moyens mis à sa disposition à créer une bête indestructible et terrifiante, Cameron nous en montre une ribambelle et il suffit d'une balle bien placée pour que les têtes explosent. La nature solitaire et prédatrice qu'on peut deviner chez le monstre de Scott se transforme ici en esprit de meute et de protection du membre alpha et de la progéniture : voilà que les Aliens ne sont plus que de grosses abeilles protégeant la reine et, forcément, les œufs. Infestation des installations, scénario prévisible, on est vraiment très loin de l'univers complexe et ô combien apprécié par les fans (dont je fais partie), des relations sociologiques en situation de crise intelligemment mises en scènes, des personnages attachants et pourtant éphémères.
Bien sûr, on n'est pas non plus face à un nanar en bonne et due forme. James Cameron a toujours un mérite, et c'est vraiment le seul à savoir faire une avancée dans les effets spéciaux. Que ce soit pour Terminator ou Titanic, sans oublier l'inévitable Avatar, il a toujours su exploiter à fond les ressources de l'époque et proposer un spectacle grandiose visuellement. Dans Aliens, il ne déroge pas à la règle et les bêtes ont l'air plus vrai que nature. Elles se cachent, se déplacent avec aisance, on les voit entièrement et la Reine est tout simplement splendide. Et les décors sont tout aussi évolués que le sont les Aliens, les incrustations crédibles, bref, visuellement rien à redire.
Dommage cependant qu'on ait laissé de côté le minimalisme voulu du premier opus et tellement plus angoissant : mettre une image et ne plus laisser place à l'imagination du spectateur réduisent le suspense et rendent le film à son genre d'origine : la science-fiction : car si le Nostromo faisait plus pensé à un navire en mer, ici on a l'impression de voir quelque chose d'irréel car très avancé, dans un futur lointain, sans véritable âme.
En conclusion, un divertissement respectable, sans véritable identité au happy-ending foireux et contre nature vis-à-vis de la saga : beaucoup de fusillades, des comportements humainement improbables et des effets spéciaux grandioses. Un blockbuster bankable qui peut faire passer le temps. Heureusement David Fincher va venir régler son compte à cette fin ridicule avec le troisième opus bien plus jouissif et proche des origines du mythe. 6/10, pas plus, pas moins.