Bien que les suites, c'est parfois chiant et inutile -sauf si on se place d'un point de vue commercial- ne pas faire de sequel à Alien, le huitième passager aurait été un véritable gâchis, celui de ne pas saisir la chance d'aller plus loin dans un des univers les plus mystérieux et intéressant de la science-fiction, avec beaucoup de potentiel donc. Mais réaliser une suite à un chef-d’œuvre tel que celui de Ridley Scott n'est pas chose aisée... et finalement, la plupart des cinéphiles l'affirment, Aliens, le retour est une véritable réussite ; et je suis entièrement d'accord ! Grâce à ce film, le réalisateur de Terminator a confirmé qu'il était un véritable génie !


Attention cette critique comporte des spoilers...


Alors qu'Alien est un film de science-fiction mélangeant épouvante-horreur et suspens, Aliens est plutôt un film de science-fiction tourné vers l'action. Ces scènes d'action sont généralement assez riches en adrénaline et nous offre un divertissement spectaculaire qui tient nous en haleine du début à la fin. Mais il n'y a pas que les scènes d'action que James Cameron sait mettre en scène ; en effet même si le côté thriller horrifique est beaucoup moins relevé que dans le premier opus, on notera qu'il y a des nombreux moments de tension très efficaces. Il y a aussi quelques scènes dramatiques qui apportent un peu d'émotion et des moments d'humour. Ces séquences d'action, de tension, de drame ou de légèreté donnent des scènes et dialogues vraiment cultes : pour les scènes nous pouvons citer celle du cauchemar, celle du premier affrontement avec les xénomorphes, celle de la découverte de la reine pondant les œufs ou encore celle du combat entre cette créature et Ripley. Pour les répliques remarquables, il y a bien sûr les dialogues de Hudson (interprété par Bill Paxton) et d'Apone (interprété par Al Matthews) mais celle qu'on retiendra c'est bien évidement le "get away from her you bitch" de Ripley. La réalisation est donc bonne puisqu'elle jongle suffisamment bien avec les différentes tonalité pour nous donner une véritable atmosphère, presque comparable avec celle d'un film de guerre sombre. La bande originale composée par James Horner joue d’ailleurs un rôle important dans cette ambiance, certaines musiques comme le Main Title ou Bishop's Countdown sont en effet excellentes.


Même si le scénario de cette suite est plutôt simple, il est riche en rebondissements, ce qui fait que malgré la durée du film, il n'y a aucun problème de rythme dans la réalisation. Le seul reproche que j'aurai à faire, c'est que malgré ces rebondissements, le déroulement de l'histoire reste globalement très prévisible. Il y a également beaucoup de clichés relatifs au cinéma de l'époque : une enfant, des soldats bourrins et beaufs, une hiérarchie militaire incompétente, un traite ect.. Mais paradoxalement ces stéréotypes font d'Aliens le film de la saga avec les personnages les plus marquants. On sent d'abord une véritable évolution dans le personnage de Ripley : nous avions le droit à une screem queen badass dans le premier film qui voulait affronter la créature puis la fuir, ici nous retrouvons une véritable guerrière qui est prête à en découdre à chaque instant avec les aliens. Tandis que Le Huitième passager, on assiste avant tout à la naissance d'un monstre mythique du cinéma, cette suite est quant à elle consacrée à la naissance d'une héroïne culte ; c'est un plaisir de revoir les xénomorphes -et surtout de découvrir la reine- mais la véritable Queen du film, c'est Ripley. Sigourney Weaver est une nouvelle fois excellente dans ce rôle, sa nomination aux Oscars, en plus d'avoir été un événement majeur dans le genre, était totalement méritée ! La relation que son protagoniste entretient avec Newt, la petite fille, permet de développer chez lui un instinct maternel qui fait qu'en plus de son côté botteur de culs de xénomorphes, on s'attache d'avantage à sa personnalité qui continue d'être aussi forte que dans le premier opus mais comporte dans cette suite une certaine sensibilité et des faiblesses humaines qui le rende touchante. Paradoxalement ces faiblesses lui permette aussi de se transcender ! D'ailleurs la scène où Ripley apprend le décès de sa fille et celle où Newt perd ses parents n’auraient pas dû être coupées car elles font un lien préliminaire entre les deux personnages. Même si c'était un peu cliché de caster un enfant parmi les personnages principaux dans un film de l'époque, Newt en l'espèce est un personnage mignon et lui aussi très attachant, notamment grâce à la prestation de la jeune Carrie Henn. Le Caporal Hicks qui est incarné par Michael Biehn est un protagoniste que tout le monde aurait aimé revoir dans Alien 3, lui aussi rend Ripley plus sympathique que dans le premier film de par l'amitié qu'il noue avec elle. Lance Henriksen, grâce a son interprétation rend son personnage, l’androïde Bishop, assez ambigu puisqu'on se méfie de lui mais en même temps on a envie de lui faire confiance, ça permet d'apporter un peu de suspens dans l'histoire. Burke (joué par Paul Raiser) est quant à lui un protagoniste symbolique incarnant le véritable grand méchant de la franchise, la Weyland-Yutani Corporation. Enfin, en dehors de Ripley, on a un autre féminin personnage fort, il s'agit de Vasquez (interprété par Jenette Goldstein) ; avec des femmes aussi badass -ce qui était assez rare pour l'époque-, Aliens est un réel film féministe. Il y a bien sûr Hudson et Apone comme personnages marquants, ils sont assez drôles à travers leurs dialogues et réactions mais j'en ai déjà parlé.


En plus de permettre d'avoir un rythme dynamique et de présenter des protagonistes intéressants, le scénario permet également d’approfondir l'univers du premier film : la Weyland-Yutani Corporation apparaît ainsi comme plus cruelle, puissante et intéressée ; et on peut aussi mettre des visages sur cette société. La créature est quant à elle bien développée. Le parallèle avec la fourmilière à travers la reine qui est une créature centrale, gigantesque qui commande les autre et pond des centaines d’œufs, était ingénieuse même si plus facile que l'hypothèse de l'eggmorphing apparaissant dans la version longue du premier film. J'aurais quand même aimé que Cameron aille encore un peu plus loin dans le développement de l'univers, notamment en ce qui concerne la planète LV-426 en elle-même et les recherches faites par les colons, mais bon... le film aurait été trop long.


Hormis la place des personnages féminins, il y a une autre chose pour laquelle Aliens, le retour est largement en avance sur son époque, il s'agit de ses effets-spéciaux. Ceux-ci sont en effet très impressionnants et n'ont pas pris une ride à l’exception peut être des costumes des xénomorphes. Plus particulièrement, l'animatronique de la reine et les maquettes des vaisseaux sont très bien faits ! J'ai eu la chance de voir Aliens sur grand écran lors d'une projection exceptionnelle, on aurait dit un film du début des années 2000 ; il vieillit très bien pour le moment ! Il y a également pas mal d'inventivité visuelle, que ce soit à travers les accessoires comme l'exosquelette motorisé ou la direction artistique qui est très bonne elle aussi (les décors des vaisseaux, des stations et de la ruche extraterrestre sont bien imaginés, sublimes et réalistes).


Que l'on préfère Alien, le huitième passager ou Aliens, le retour, c'est au final une question de goût ! A titre personnel, je le trouve un chouilla en dessous de son prédécesseur. Au même titre que Terminator et Abyss sortis à la même époque et du même réalisateur, cette suite est un véritable classique des années 80, à voir au moins une fois dans sa vie (en version longue bien sûr).

MovieBuff

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