Ne rien comprendre à ce point au manga dont on s'inspire est un comble.
Habituellement je suis pour les prises d'indépendance dans les adaptations, je vois même cela d'un bon œil, détestant par dessus tout regarder quelque chose que je connais par cœur. Déjà car c'est dur de tenir la comparaison quand on ne prend aucune liberté (bonjour aux adaptations live Disney) et puis car cela permet de re-découvrir un univers sous un nouvel angle, toujours bienvenue.
Le problème d'Alita Battle Angel n'est pas là. Il ne prend pas de liberté, il est calibré pour être un pur produit marketing hollywoodien.
Qu'a retenu le réalisateur des premiers arcs du manga Gunnm, classique dans son genre ? L'ambiance pesante du bidonville ? On repassera, c'est plutôt sympa la journée et on peut y manger du chocolat présenté sur un étal de pétales de rose. Le danger à chaque instant de cet univers pesant où rode la mort ? Bof, si on évite de prendre les ruelles de nuit on ne craint pas grand chose. Le monde finit post-apocalyptique ? Moyen, en dehors du bidonville on a de grandes étendues luxuriantes, à se demander ce que les gens foutent à rester en ville. Dans l'original cela se comprend, il n'y a rien qu'un désert sans fin, ici c'est plutôt sympa. Alors quoi ? Le motorball ? On a une scène d'action agréable mais on ne s'y penche pas plus.
Non ce film retient de Gunnm l'action, qui est au rendez-vous dans des scènes bien rythmée, et une histoire d'amour qu'il édulcore un maximum. Yugo devient insupportable et n'a pas la moitié de son relief d'origine, se résumant au rôle du beau brun ténébreux, malgré sa fin qui est conservée telle quel, dans un plan des plus clichés qui rappelera une centaine d'autres films.
Et c'est le souci d'Alita. Gally n'est qu'une fille romantique et on se concentre sur une histoire d'amour qui balaie d'un revers de main tout le reste. On perd l'ambiance d'origine, cette sensation pesante que les personnages ne s'en sortiront pas, cette douleur de tous les instants, et on fait une belle histoire d'amour pour faire pleurer les spectateurs.
Autant faire ce que n'a pas fait l'équipe du film et lire le manga.